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BURKINA FASO : Mathieu Ouedraogo, honoré à la COP14 pour sa technique culturale

COP25 : prévenir et s’adapter aux désastres climatiques, une priorité pour l’Afrique©BOULENGER XavierShutterstock

À Goursi, petit village d’un peu plus de 1 000 habitants, situé au nord du Burkina Faso, la désertification n’est plus une fatalité. Ici, des techniques ancestrales ont été améliorées pour permettre aux paysans de lutter contre la sècheresse, récupérer les sols dégradés et améliorer la production de céréales. L’un des promoteurs, sinon le principal promoteur de ces techniques d’agriculture résiliente vient de se voir décerner une récompense internationale. Mathieu Ouédraogo est l’un des lauréats 2019 du prix « Land for Life ». Le président du réseau MARP (Méthode accélérée de recherche participative en milieu rural), a consacré la majeure partie de sa vie en faveur de la restauration des terres dégradées pour les rendre à nouveau productives.

La technique de Mathieu est dite des « cordons pierreux ». Elle consiste à diviser le terrain en plusieurs courbes de niveau et à les séparer par des barrières de pierres. Ces barrières servent de digues, elles empêchent l’eau de se disperser et participent ainsi à l’irrigation des sols. L’objectif est d’empêcher l’érosion et de retenir un maximum d’eau dans le sol. « Il s’agit de techniques paysannes traditionnelles, améliorées par des techniciens agricoles », explique Matthieu Ouedraogo. La technique a permis d’aménager 300 000 hectares dans le nord du pays, pour un investissement de 130 euros par hectare. En ce qui concerne les rendements, on arrive en moyenne à 1,5 tonne de sorgho à l’hectare, contre 800 kg pour les meilleures terres des environs.

C’est le deuxième « Land for Life » du Burkina Faso

Le prix Land for Life est décerné tous les deux ans. Il reconnait l’excellence et l’innovation dans les efforts visant à créer un équilibre entre la terre et les objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD 15.3 « la vie sur terre ». L’édition 2019 a récompensé trois entités. Le Ministère de l’Agriculture de l’Éthiopie pour le projet de gestion des ressources environnementales pour permettre la transition (Mere), Mathieu Ouédraogo du réseau MARP-Burkina et Yun Da, chef sortant du département des finances de la région autonome du Tibet. C’est à New Delhi en Inde, que les lauréats ont reçu leur prix, en en marge de la Conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification (la COP14).

Notons que le Burkina Faso est lauréat pour la deuxième fois du Land for Life. Avant Mathieu Ouédraogo, son compatriote Yacouba Sawadogo s’était vu attribuer ce prix en 2013. Le cultivateur a mis au point une technique appelée le zaï. Elle est caractérisée par des trous profonds de 20 centimètres où des graines sont plantées dans du fumier, permettant une infiltration de l’eau en profondeur.

Les techniques ancestrales d’agriculture au nord du Burkina Faso ont ceci en commun qu’elles retiennent l’eau et régénèrent les sols. « Avec ces techniques, il suffit de quatre ou cinq ans pour obtenir de bons résultats sur des terres dégradées. On stoppe la désertification, on augmente la fertilité des terres, donc les rendements de céréales et du fourrage pour le bétail, et on récupère de la biodiversité. » a affirmé dans les colonnes du Monde, Souleymane Ouedraogo, chercheur à l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (Inera).

Boris Ngounou

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