Le Cameroun redevient président en exercice de la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac), dans un contexte où l’institution connait de graves soucis de financements. Lors des travaux de la dixième session ordinaire du conseil des ministres de la Comifac, qui s’est tenue du 9 au 11 juillet 2019 dans la capitale camerounaise Yaoundé, le secrétaire exécutif de cette instance sous régionale a présenté une situation financière critique. « Hormis le Cameroun, qui est à jour dans ses contributions, tous les autres pays membres accusent des arriérés importants de contributions vis-à-vis de l’institution. Il est important que des mesures fortes soient prises pour éviter une paralysie totale de l’institution… » a déclaré le rwandais Raymond NDomba Ngoye.
Les pays insolvables, auxquels fait allusion le Secrétaire exécutif de la Comifac, sont au nombre de neuf. Il s’agit de la Guinée équatoriale, du Gabon, de la République centrafricaine, du Congo Brazzaville, du Tchad, du Rwanda, du Burundi, de la République démocratique du Congo et de la République de Sao Tomé et Principe. Le problème du non-versement de leurs cotisations statutaires avait déjà été soulevé lors de la session de Brazzaville en 2014. Une situation qui empêche à la Comifac de remplir loyalement ses missions, pour le bien des espaces forestiers en Afrique centrale.
Le Cameroun face au défi de la redynamisation de la Comifac
Le Cameroun fait figure de tête de proue au sein de la Comifac. Le pays a vu naître cette institution, à travers le tout premier Sommet des Chefs d’État d’Afrique centrale, qui s’est conclu par l’Adoption de la Déclaration dite de Yaoundé, en mars 1999. Vingt ans plus tard, après avoir présidé le conseil des ministres entre 2000 et 2002, le Cameroun abrite également le siège du secrétariat exécutif de l’organisation. La proximité avec cet organe, ainsi que l’histoire et la régularité de l’engagement du Cameroun au sein de la Comifac devraient lui permettre de mieux affronter les défis de son nouveau mandat de deux ans à la tête du conseil des ministres.
Au-delà de ses propres cotisations, le pays devra trouver des moyens pour motiver les autres pays membres à s’acquitter de leurs cotisations statutaires. Et le ministre camerounais des Forêts et de la Faune en a pleinement conscience. « Pendant notre mandat, il sera question de veiller d’abord aux missions classiques, qui sont la gestion durable des ressources forestières, des ressources naturelles et fauniques. Cependant, cela ne pourra être possible que si tous les membres s’acquittent régulièrement de leurs cotisations statutaires », a déclaré Jules Doret Ndongo. Dans cette optique, les experts de la Comifac appellent les États membres à prendre des dispositions appropriées. Il s’agit de la taxation des secteurs émissifs des gaz à effet de serre, et du paiement des services environnementaux tel que l’assainissement.
Le Conseil des ministres est composé des ceux en charge des Forêts et/ou de l’Environnement de chaque État membre de la Comifac. C’est l’organe de décision, de coordination et de contrôle de la mise en œuvre des politiques en matière de gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale au sein de la Comifac. Sa présidence est rotative.
Boris Ngounou