Au Cameroun, les prévisions de l’observatoire national des changements climatiques (Onacc) se sont matérialisées les 20 et 21 août 2020 dans la ville de Douala à travers de fortes pluies diluviennes. Ces abondantes précipitations ont provoqué les débordements du fleuve Wouri et d’autres cours d’eau qui se sont ensuite rependus dans la ville estuaire, à une hauteur de plus d’un mètre. « Ça fait presque vingt ans, on n’a jamais vu cela ici. Honnêtement nous sommes dépassés, nous sommes débordés, et les dégâts matériels sont énormes » confie un habitant désemparé.
Le bilan de cette autre submersion de la capitale économique du Cameroun par les eaux n’a pas encore été dressé par les autorités. Et les médias locaux signalent que d’autres villes camerounaises ont également été inondées ces derniers jours. Il s’agit d’Edéa, une ville voisine de Douala dans la région du Littoral, et de Kribi, une cité balnéaire située dans la région du Sud.
L’Onacc avait prédit ces précipitations dans son bulletin saisonnier des prévisions de paramètres climatiques, publié en fin juin 2020. Les experts indiquaient entre autres, un risque très élevé des cas d’inondations en milieu urbain et péri urbain, pendant les mois de juillet et août 2020. Réagissant à cette alerte, le gouvernement à travers le ministère de la Décentralisation et du Développement local avait instruit aux 374 mairies d’arrondissement d’organiser des campagnes de lutte contre l’insalubrité et de curage régulier des drains d’évacuation des eaux de ruissellement. Une solution préventive qui semble n’avoir pas été appliquée, au vu de l’ampleur des inondations.
Des effets du changement climatique
Le Cameroun, pays d’Afrique centrale, devrait tout comme les autres pays du continent, se préparer à connaître davantage des précipitations aux intensités extrêmes, qui en plus de provoquer des inondations, pourront également engendrer des glissements de terrain. Car le réchauffement climatique qui est la cause de ces phénomènes naturels n’est pas prêt de s’arrêter, et c’est l’Afrique qui devra payer le prix fort selon les experts de l’ONU.
Dans son rapport annuel publié en 2017, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) estime que même si les divers pays de la planète respectent leurs engagements pris à Paris lors de la COP 21, le mercure devrait grimper de plus de 3 °C à « l’horizon 2071-2100 », avec son lot annoncé de phénomènes climatiques extrêmes. Il s’agit des vagues de sécheresses récurrentes, des cyclones, des inondations ou encore la submersion de certains territoires par les eaux sous l’effet de la montée des océans.
Ces phénomènes climatiques extrêmes seront géographiquement répartis de manière inégale, réservant la part belle à l’Afrique. Sur le plan économique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), estime que le dérèglement du climat pourrait induire une baisse du PIB continental de l’ordre de 2 à 4 % d’ici 2040 et entre 10 à 25 % d’ici 2100.
Boris Ngounou