Le vendredi 10 février 2023, l’agro-industrie Camvert a procédé à la remise d’un don de matériel d’appui au parc national de Campo-Ma’an. Rouvert en janvier 2023, après un an de fermeture en raison de la pandémie de COVID-19, l’aire protégée créé par arrêté n° 2000/004/PM du 6 janvier 2000 sur une superficie de 264 064 hectares au sud du Cameroun, abrite 1 500 espèces de plantes (114 endémiques), 80 grands et moyens mammifères, 390 invertébrées, 249 espèces de poissons, 112 reptiles, 80 amphibiens, 302 oiseaux.
C’est pour la protection de cette riche biodiversité qu’est destiné le don de matériel fait par Camvert, dont la plantation de palmier est située non loin du parc. « Nous réitérons notre engagement de mettre en œuvre les clauses des cahiers de charges et les activités du plan de gestion environnemental et social. Aussi, nous en tiendrons davantage un dialogue fort avec les populations riveraines de notre projet et participerons au développement économique et social tout en protégeant l’environnement » explique Mahmoud Mourtada, le directeur général de l’entreprise.
Seulement des organisations de protection de la nature au rang desquelles Greenpeace Afrique, n’accordent pas de l’estime au geste social accompli par Camvert pour aider à la conservation de la biodiversité du parc national de Campo Ma’an. Selon Greenpeace Afrique, 6000 hectares de forêt ont déjà été détruits par l’agro-industrie, au travers de ventes de coupes, en grande partie illégales, sur les 40 000 hectares qui lui ont été alloués dans la concession provisoire signée par le Président de la République du Cameroun en 2022.
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Pour Ranece Jovial Ndjeudja, responsable de la campagne forêt chez Greenpeace Afrique, cette action menée par l’entreprise Camvert n’est qu’un masque pour faire oublier les désastres et autres crimes qu’elle commet sur le terrain. « C’est incohérent de raser la forêt et de se présenter ensuite comme sapeur-pompier de la conservation de la biodiversité de ladite forêt », a t- il affirmé.
Installée dans les arrondissements de Campo et de Niété dans le sud du Cameroun, la société anonyme Cameroun vert (Camvert), ambitionne de créer une palmeraie de 50 000 hectares en vue de produire chaque année 180 000 tonnes d’huile de palme brute et 18 000 tonnes d’huiles de palmistes. Pour l’entreprise, les retombées économiques attendues du projet sont plus importantes que ses impacts négatifs. Elle cite notamment la création d’emplois (un millier à ce jour), la satisfaction des besoins du marché local en huile de palme qui devrait permettre de réduire les importations de ce produit, la dynamisation du développement de la filière de l’oléochimie.
Boris Ngounou