Les communautés situées le long de la façade maritime Douala-Edéa au Cameroun sont désormais outillées pour la surveillance participative des activités de pêche. Elles ont été formées sur l’utilisation de l’application DASE, qui permet de documenter les incursions de chalutiers en zones interdites. L’initiative de l’organisation anglaise Environmental Justice Foundation (EJF), vise à promouvoir une pêche durable, légale et éthique.
Après le Ghana, le Liberia et le Sénégal, l’application mobile DASE arrive au Cameroun. Les pêcheurs artisanaux vivant sur la façade Douala-Edéa dans la région du Littoral, peuvent désormais signaler en temps réel, les actes de pêche illégale posés par les chalutiers. Du 27 novembre au 1er décembre 2023, une centaine de pêcheurs des campements Mbiako, Youme II et Yoyo I, ont été formés sur la documentation des activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).
Le fonctionnement de DASE est simple. Lorsqu’un chalutier est soupçonné de pêcher illégalement, un pêcheur artisanal peut ouvrir l’appli installée sur son smartphone et prendre en photo le navire, y compris son nom ou son numéro d’identification, pour enregistrer le lieu. L’appli télécharge le rapport dans une base de données centralisée que les autorités peuvent utiliser pour arrêter et sanctionner les contrevenants.
Ces pêcheurs ont également reçu des équipements pour la surveillance communautaire, tels que des smartphones, gilets de sauvetage, jumelles, chasubles et pochettes étanches, pour protéger les téléphones des pêcheurs au cours de l’activité. « Cette formation et ces équipements nous aideront à dénoncer les incursions de chalutiers et à protéger notre principale source de revenus ainsi que notre matériel de pêche », confie Orimisan Omoruyi, le président des pêcheurs de Mbiako.
Une appli lancée par EJF
Ce projet de surveillance participative des activités de pêche est l’œuvre de l’organisation non gouvernementale (ONG) britannique Environmental Justice Foundation (EJF), qui combat la pêche INN à travers le monde. « La participation des pêcheurs artisans, dont les moyens de subsistance sont en jeu, à la surveillance est une étape essentielle vers une pêche éthique, durable et légale. Lorsqu’ils disposent des outils nécessaires pour signaler directement et rapidement la pêche illégale, ils peuvent contribuer de manière décisive à réduire l’énorme déficit de données dans la lutte contre la pêche illégale », explique Steve Trent, le fondateur d’EJF.
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Cette vulgarisation de l’application DASE arrive à point nommé au Cameroun, où la pêche INN compromet ses exportations. En janvier 2023 le pays d’Afrique centrale a reçu un carton rouge de la part de la Commission européenne, qui étiquette le Cameroun comme « pays non coopérant dans la lutte contre la pêche INN ». Un statut qui suspend l’exportation des ressources halieutiques camerounaises vers le marché européen.
Boris Ngounou
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