Un éboueur pulvérise du chlore mélangé à de l’eau de javel, sur un bac à ordure installé en face du centre des urgences de l’hôpital central de Yaoundé. En ce 27 mai 2020, nous sommes devant l’un des points de dépôt d’ordures de la ville, où le danger sanitaire est très élevé. « Le quartier Messa est très sensible, en raison de la présence de nombreux centres hospitaliers dans la zone. Mais bien que nous soyons chargés de ne collecter que les ordures ménagères, il peut arriver, par mégarde, que des déchets hospitaliers se retrouvent dans nos bacs » déclare un éboueur. Or, justement, le bac qui est en train d’être désinfecté est constitué en grande partie d’objets usagés tels des masques chirurgicaux, des gants, et des seringues. Une pilule amère, pour l’entreprise en charge de la collecte des ordures ménagères, Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam), qui voit en ces déchets souillés, un redoutable risque de propagation du Covid-19.
Ainsi, pour protéger non seulement ses éboueurs, mais aussi les ménages qui sont eux aussi au contact des déchets, Hysacam a procédé le 25 mai 2020, à l’activation d’un protocole spécifique de prévention du coronavirus dans le domaine de la collecte et du traitement des déchets dans la capitale. « Nous avons augmenté les nombres de bacs à ordures ainsi que de rotation de nos camions dans les quartiers, afin de réduire la durée d’immobilisation des ordures chez les ménages » a déclaré Frederick Nyobè, le responsable d’exploitation de l’agence Hysacam de Yaoundé. L’entreprise a par ailleurs suspendu le tri des déchets dans sa décharge, et ses près de 400 bacs à ordures sont systématiquement lavés et imprégnés de désinfectant lors de leur passage à la décharge.
Zéro cas d’infection parmi les éboueurs de Yaoundé
La crise sanitaire du Covid-19 a atteint un seuil inquiétant au Cameroun. Le pays d’Afrique centrale a déjà franchi la barre des 5000 cas de contaminations. Mais jusqu’ici, aucun éboueur n’a été infecté à Yaoundé, l’épicentre camerounais de la pandémie. Dans la poursuite de la sécurisation de son personnel, Hysacam qui emploie près de 500 agents dans la ville de Yaoundé, en appelle à la collaboration des ménages et des centres de santés dépourvus d’incinérateurs. « Lorsque vous voulez vous débarrasser de vos masques de protection, ou de déchets hospitaliers, prenez le soin de les emballer dans du plastique avant de les jeter dans les bacs à ordures », a préconisé Olivier Kaptué, responsable qualité à Hysacam.
Le protocole antiCovid-19 d’hysacam, ne s’étend pas aux acteurs de la précollecte d’ordures ménagères. Il s’agit des unités dont le rôle consiste à ramasser les ordures ménagères à domicile, dans les quartiers non desservis par la société Hysacam, à cause de leur enclavement. Ces derniers sont d’autant plus exposés qu’ils assurent également le désherbage et le curage des caniveaux…
Boris Ngounou