Hysacam, la société de collecte et de traitement des déchets ménagers au Cameroun, annonce trois projets de production d’électricité sur ses sites de décharge. Les projets de centrales électriques génèreront une capacité globale de 72 MW.
Villes et territoires durables #26. Notre série en partenariat avec le Sommet Afrique-France 2020.
La revalorisation des déchets ménagers en énergie électrique verra bientôt le jour au Cameroun. Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) l’a annoncé le 21 février 2020 sur son site internet. Le concessionnaire qui assure la collecte et le traitement des déchets ménagers dans 17 villes camerounaises entend développer trois centrales électriques à partir des sites de décharges.
Les deux premières centrales sont des projets « Landfill Gas and Use ». Leur fonctionnement est basé sur utilisation du gaz d’enfouissement. Ce gaz, après purification, sera acheminé vers des moteurs thermiques couplés à un alternateur. Et c’est à ce niveau qu’est produite l’électricité.
La centrale de Yaoundé la capitale, sera implantée à la décharge de Nkolfoulou à l’ouest de la ville. Sa capacité estimée est de 10 mégawatts (MW), pour 360 000 tonnes de déchets enfouis par an. Une production qui permettra de raccorder en moyenne, 580 000 ménages de Yaoundé et de ses environs. Le deuxième projet, sera implanté dans la décharge de PK 10 située à Douala la région du littoral. Sa capacité est estimée à 60 MW, en raison de 540 000 tonnes de déchets enfouis par an.
Le troisième Projet sera localisé dans la décharge de Bafoussam, région de l’Ouest-Cameroun. Doté d’une capacité de 2 MW, ce projet est basé sur le modèle de biométhanisation. Il s’agit d’une technique selon laquelle la matière biodégradable est extraite du déchet ménager (75 000 tonnes par an) pour intégrer un processus contrôlé de digestion anaérobie dans des cuves baptisées « oligoteurs ». « La matière dégradée produira du gaz combustible, dont le plus prépondérant, le méthane (CH4), sera utilisé dans un moteur thermique couplé à un alternateur pour produire l’électricité », explique Hysacam.
Des projets rendus possibles, par le réaménagement du secteur de l’électricité
Les études d’Hysacam ont prouvé que les ordures ménagères produites au Cameroun ont une forte teneur en eau et sont constituées à plus de 80 % de matière organique biodégradable. Ce qui fait des décharges, des gisements importants de biogaz. Un gaz qui était jusque-là, capté et brûlé en torchère, pour éviter la pollution atmosphérique. « Mais les différentes réformes administratives du secteur de l’énergie au Cameroun permettent d’envisager une autre issue pour ce gaz de décharge : la production de l’électricité », déclare Hysacam.
À l’origine de ces transformations opérées depuis une petite dizaine d’années, il y a la loi n0 2011/022 du 14 décembre 2011, qui a entrepris d’importantes réformes dans le secteur de l’électricité au Cameroun. Elle fixe entre autres, les modalités de production, de transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de vente d’électricité. Elle établit les bases d’une saine concurrence dans le secteur de l’électricité en vue d’en accroitre l’efficacité économique et fixe les modalités de contrôle de l’exécution des obligations spécifiques de mise à la charge pour les opérateurs des activités non concurrentielles. Enfin, elle précise les règles de protection de l’environnement, dans le secteur de l’électricité.
L’article 67 de la loi envisage de créer une agence en charge de la promotion des énergies renouvelables. Cette structure aura pour objectif de rechercher de nouvelles formes d’énergie afin d’assurer au Cameroun sa sécurité énergétique.
Boris Ngounou