En marge de la conférence organisée à son siège à Yaoundé ce 5 juin 2018, l’ONG Jeunesse et développement durable pour l’Afrique a présenté au public son vaste chantier d’agriculture urbaine. Un mode d’agriculture qui permet également de valoriser utilement les déchets plastiques.
Drôle de décor au siège de l’ONG Jeunesse et Développement durable pour l’Afrique (J2D Afrique)… L’agriculture urbaine y a fait son nid. Des bouteilles et vieux sacs en plastique y ont trouvé une seconde vie. Ils servent de support à plusieurs plantes. Le céleri, le waterleaf (cette plante rentre dans la composition de l’eru, plat de légumes généralement accompagné de water fufu et originaire de la région du Nord-Ouest au Cameroun, NDLR) et plusieurs autres variétés y sont cultivés, et de façon bio. Une mise en scène qui a aiguisé la curiosité de la cinquantaine de personnes venues prendre part à la conférence qu’a organisée J2D Afrique en son siège, ce mardi 5 juin 2018, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’environnement.
« Dans un sac, nous pouvons faire pousser jusqu’à 24 pieds de légume. Et chaque sac a une durée de vie de deux ans, au moins. Quand ils sont assez grands, on peut les récolter pour la cuisson et des boutures naitront d’autres tiges de légumes » ; explique Jean François Nkonzou Takuété, responsable de l’ONG à ses invités. Une méthode qui selon lui est écologique à plusieurs titres. « Elle nous permet de ne pas laisser trainer les bouteilles et sacs en plastique, de même que les roues de voitures dans la nature. L’agriculture urbaine est également salutaire, car elle se pratique de façon bio, et garantit de facto la sécurité alimentaire », précise François Nkonzou Takuété.
En réalité, au lieu de recourir aux engrais chimiques, l’équipe de J2D Afrique utilise plutôt des fientes d’animaux pour enrichir la terre dans laquelle poussent les plantes. Sachant que, dans la ville de Yaoundé, les légumes sont surtout cultivés dans les marécages. Or ces derniers servent souvent aux ménages de lieu de vidange des fosses septiques. Le danger se situe alors à deux niveaux : premièrement l’eau utilisée pour arroser les légumes est souillée. Et, avant de les amener sur le marché, c’est malheureusement la même eau qui sert bien souvent au nettoyage, surtout dans le cas des laitues.
Lutter contre le plastique, un combat nécessaire
L’agriculture urbaine est donc une voie efficace pour le recyclage des déchets plastiques, mais pas la seule. Au cours de la conférence, les participants ont engrangé des pistes de réflexion qui pourront leur permettre de stopper le déversement des objets en plastique dans la nature. Le but de du rendez-vous était aussi de leur faire comprendre que le déchet peut les sortir de la pauvreté, puisque collecter les bouteilles utilisées à la maison pour les revendre génère des revenus. Un revenu qui serait plus important pour ceux capables de les transformer, par exemple en porte-monnaie, sacs et autres objets réalisés à partir des déchets plastiques. Et ce n’est pas la matière première qui se fait rare, car le Cameroun produit chaque année 600 000 tonnes de déchets plastiques, selon les récentes statistiques du ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable.
Le ticket d’entrée à cette conférence pour chaque participant était d’ailleurs d’un genre nouveau : il fallait apporter au moins 5 bouteilles en plastique. Une stratégie qui a permis de récolter 456 bouteilles en un après-midi. Comme quoi, il est possible de remporter des victoires dans ce combat quotidien contre les déchets plastiques.
Luchelle Feukeng