Le Cameroun fait face à une situation alarmante alors qu’une vague de chaleur extrême ravage le nord du pays. Les grandes villes telles que Maroua et Garoua sont particulièrement touchées, enregistrant entre 50 et 60 décès par jour en raison des températures record. Dans une lettre ouverte publiée le 27 mai 2024 dans le quotidien privé Le Jour, Abdoulaye Harissou, ancien président de la Chambre des notaires du Cameroun, interpelle le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, sur le silence des autorités face à cette catastrophe.
Abdoulaye Harissou dénonce un « silence assourdissant» des autorités locales et nationales face à cette crise. « À part les chefs traditionnels et les imams, qui ont donné des instructions de prière pour que la pluie tombe, aucune autorité – ni gouvernementale, ni régionale, ni même locale – n’a pris ce problème au sérieux », affirme-t-il. Il souligne que des mesures d’urgence telles que la distribution d’eau par camions-citernes, la mobilisation des services de secours et la gratuité des soins pour les populations vulnérables auraient dû être mises en place.
Des chiffres alarmants
À Maroua et à Garoua, deux grandes villes situées respectivement dans les régions de l’Extrême nord et du Nord, au moins 50 à 60 personnes ont été enterrées par jour, victimes de cette canicule. Cette surmortalité catastrophique résulte de l’incapacité à gérer les effets de la chaleur extrême, aggravée par des problèmes chroniques d’accès à l’eau et de soins médicaux.
Le climatologue de l’Observatoire national sur les changements climatiques (Onacc), René Ramses Meyong, souligne que cette vague de chaleur est exceptionnelle par son intensité, sa durée et sa distribution géographique. Des températures record de 47 °C ont été enregistrées dans l’Extrême-nord, alors que des régions habituellement plus fraîches, comme l’Ouest et le Nord-ouest, connaissent également des températures élevées.
Les conséquences de cette canicule vont bien au-delà de la santé humaine. L’Onacc alerte sur les risques pour l’agriculture et l’élevage. Les précipitations irrégulières et les longues séquences de chaleur entraînent une évapotranspiration rapide des sols, asséchant la végétation et augmentant le risque de feux de brousse. Le bétail souffre du manque de points d’eau et de pâturages, tandis que l’agriculture, majoritairement pluviale, est particulièrement vulnérable.
Un appel à l’action
Cette crise climatique met en lumière l’urgence de la situation et la nécessité d’une réponse coordonnée et rapide. Le gouvernement camerounais, ainsi que les autorités locales, sont appelés à prendre des mesures immédiates pour atténuer les effets de cette canicule et protéger les populations vulnérables. Abdoulaye Harissou, propose une sensibilisation accrue, une meilleure gestion des ressources en eau et une assistance médicale renforcée.
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La crise actuelle au nord du Cameroun illustre tragiquement les effets du changement climatique sur les communautés les plus vulnérables. Une action rapide et efficace est essentielle pour prévenir de nouvelles pertes humaines et sécuriser les moyens de subsistance des habitants de la région.
Boris Ngounou