La non implication des femmes et des jeunes filles dans le secteur eau et climat entrave les efforts du Cameroun vers l’accès universel à l’eau. Le Partenariat national de l'eau du Cameroun (GWP-Cmr), en collaboration avec le ministère camerounais de la promotion de la Femme et de la Famille et ONU Femmes ont organisé un café genre le 17 août 2022 à Yaoundé, pour l’inclusion des femmes dans les cercles de décision sur le secteur eau et climat.
Les arrangements institutionnels relatifs à la mise en valeur et à la gestion des ressources en eau tiennent rarement compte du rôle primordial des femmes comme principales utilisatrices d’eau et gardiennes du milieu vivant. Un manquement qui entrave considérablement l’atteinte des objectifs en termes d’accès à l’eau et de résilience climatique. C’est le constat fait au Cameroun par le Partenariat national de l’eau du Cameroun (GWP-Cmr).
Pour inverser la tendance, GWP-Cmr et ses partenaires que sont le ministère camerounais de la promotion de la Femme et de la Famille (Minproff) et ONU Femmes militent pour l’inclusion des femmes et des jeunes filles dans le secteur eau et climat. Lors d’un café genre organisé à Yaoundé (capitale du Cameroun) le 17 août 2022, ces trois entités ont sensibilisé les parties prenantes sur les pesanteurs socio-culturelles, et les obstacles liés à la prise en compte du genre dans le secteur eau et climat. « Le système patriarcale n’accorde pas la parole aux femmes. Elles ont des connaissances qu’elles voudraient bien partager, mais ne l’osent pas, à cause de la timidité et du manquent de confiance en soi qui les caractérise, du fait de leur éducation en famille », explique Murielle Elouga du GWP-Cmr.
Les études menées par l’organisation relève une distribution des rôles sociaux désavantageuse pour les femmes en matière d’approvisionnement en eau pour le ménage. Les modes d’accès et de gestion du foncier sont encore tributaires d’une logique coutumière et patriarcale (74,4% d’hommes sont propriétaires fonciers contre tout juste 39,6% de femmes. Les femmes sont exposées aux crises sécuritaires et la pression démographique sur les ressources hydrauliques et foncières.
Inclure l’approche genre dans les politiques de l’eau
Les trois régions septentrionales du Cameroun (l’Adamaoua, le Nord, et l’Extrême-Nord) font partie des principales zones d’étude du GWP-Cmr. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces trois régions ont besoin d’environ 7 500 forages pour être à l’abri du manque d’eau potable. Une dure réalité qui résulte de la faible pluviométrie dans cette partie septentrionale du Cameroun, qui connaît seulement 30 à 100 jours de pluie par an.
Pour éliminer efficacement le stress hydrique dans les communautés camerounaises, une conséquence du changement climatique, les études menées par le GWP-Cmr recommande entre autres la révision des politiques en matière d’eau afin d’inclure des approches transformatrices de genre qui non seulement reconnaissent les inégalités systématiques entre les hommes et les femmes, mais qui s’attaquent aux causes profondes de ces inégalités.
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Les études réalisées par le GWP-Cmr s’inscrivent dans le cadre du programme Eau, climat, développement et genre (WACDEP-G) mis en œuvre par le Global Water Partnership – Central Africa (GWP-Caf). WACDEP-G vise à promouvoir l’approche transformateur genre dans le secteur eau et climat, adressant les inégalités entre les sexes. Le programme, qui a démarré en 2020, pour une durée de trois ans (2020-2022) comprend, des activités de renforcement des capacités des femmes dans le secteur de l’eau et du Climat, le partage des connaissances, l’institutionnalisation du genre dans le secteur de l’eau et du climat et la mobilisation des fonds.
Boris Ngounou