Dans la foulée des activités marquant la célébration de la 8e édition de la journée mondiale du pangolin, le 17 février 2019, Last Great Ape Organisation (Laga) veut lancer un signal fort. « Notre assistance technique en matière d’application de la loi faunique, a permis aux autorités camerounaises de saisir plus de 7,5 tonnes d’écailles de pangolins, dans le circuit du commerce illégal des espèces sauvages protégées » a déclaré dans un communiqué radio, Ofir Drori le directeur général de Laga. En clair, il s’agit aussi d’une mise en garde de tous ceux qui menacerait la survie du pangolin.
Selon l’ONU, cet animal, une petite « boule d’écailles », est devenu le mammifère le plus braconné au monde. L’espèce étant en danger d’extinction. Chaque année, ce sont plus de 40 tonnes d’écailles de pangolin qui sont saisies en Afrique, ce qui revient à dire que plus de 30 000 animaux sont massacrés par an.
Au Cameroun, pas une semaine ne passe sans que l’on ne soit au courant de l’interpellation d’un trafiquant de pangolin. C’est ainsi que 55 personnes ont été arrêtées lors d’opérations ayant conduit aux saisies. Certaines d’entre elles font actuellement l’objet d’un procès, alors que la majorité a été condamnée à diverses peines de prison et à des amendes. L’année dernière, un réseau international composé de quatre pays : le Nigeria, le Cameroun, la RCA et la RDC, a été démantelé à Douala la capitale économique du Cameroun, avec plus de 700 kilogrammes d’écailles de pangolin à la clé. Des opérations coup de poing, menées chaque fois par les agents du ministère camerounais des forêts et de la faune, les éléments de la police et le soutien technique de Laga.
Le pangolin africain, traqué pour ses écailles et sa chaire
En 2016, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) avait pourtant interdit toute commercialisation de l’animal. Sa vente illégale vers certains pays d’Asie reste, malgré tout, en forte progression. Les espèces asiatiques de pangolins sont devenues rares. Elles sont désormais classées au mieux « en danger » et au pire « en danger critique d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le marché noir s’est donc tourné vers les quatre espèces africaines : le Phataginus tricuspis, le Phataginus tetradactyla, le Smutsia gigantea et le Smutsia temminckii.
Comme la corne de rhinocéros, les écailles de pangolin, vendues environ 1 000 euros le kilo, sont réduites en poudre pour fabriquer des remèdes utilisés par la médecine traditionnelle chinoise pour une trentaine de maux, des troubles érectiles aux cancers les plus graves. Pourtant, les écailles sont constituées essentiellement de kératine, une molécule qu’on retrouve dans les ongles, les poils, les cheveux, le bec, les cornes et qui est a priori dépourvue de principe actif. La viande du pangolin est également très appréciée en Chine et au Viêt Nam, où les restaurateurs déboursent environ 1 750 euros pour un animal.
Toutes choses que Laga n’entend pas laisser prospérer. L’organisation, financée par la Grande-Bretagne, apporte son assistance technique au gouvernement camerounais depuis près de 10 ans. Par ses activités, Laga espère maintenir le Cameroun dans l’optique de la déclaration du sommet des chefs d’État sur les forêts de 1999, et sauvegarder le rôle important que le pays joue dans la sous-région Afrique centrale, en matière d’élaboration et de mise en application de la législation faunique.
Boris Ngounou