Au Cameroun, l’introduction des techniques agroforestières donne de bons résultats dans le secteur du cacao. Les agricultures produisent, tout en préservant les écosystèmes de forêts. C’est l’approche développée par les Centres d’innovations vertes pour le secteur agro-alimentaire (ProCISA). Une initiative soutenue par l’organisme de coopération allemande au développement (GIZ).
Alors que les trois principaux pays africains producteurs de cacao (Côte d’Ivoire, Ghana et Cameroun) privilégient davantage la monoculture et l’extension des parcelles, la plateforme africaine du cacao soutenue par l’organisme de coopération allemande au développement (GIZ), promeut quant à elle, la culture des arbres dans et autour des vergers cacaoyers. Le recours aux systèmes agroforestiers s’inscrit dans une logique de durabilité, autrement dit de production de cacao sans déforestation. C’est d’ailleurs la voie engagée par la GIZ au Cameroun, à travers les Centres d’innovations vertes pour le secteur agro-alimentaire (ProCISA). L’enjeu est de développer des pratiques agricoles durables, notamment l’agroforesterie, une technique qui consiste à jumeler l’agriculture et la forêt.
La mise en œuvre des activités liées aux pratiques agricoles durables et spécifiquement en rapport à la productivité et l’agroforesterie pourrait permettre de rentabiliser les parcelles existantes en ayant à la fois des produits agricoles et forestiers. En bout de chaîne, il est question d’avoir un cacao qui respecte les normes de développement durable. Les activités portent essentiellement sur la densification des cacaoyères avec un enjeu sur le paysage, à travers le repeuplement des arbres natifs et agroforestiers comme les arbres fruitiers. L’accent sera mis sur la restauration de la fertilité des sols avec les arbres agroforestiers et la production de l’ombrage nécessaire au développement du cacao.
Deux jeunes cacaoculteurs camerounais primés
L’approche vulgarisée par la GIZ a fait l’objet d’un concours lancé en juin 2022 pour primer les meilleurs systèmes agroforestiers à base de cacao. L’enjeu est de relever l’apport des arbres sur la restauration des forêts et des terres et les impacts en termes de changement climatique à travers le captage du carbone. À l’issue du processus de sélection de dix candidatures (dont deux femmes) effectué août 2022, deux cacaoculteurs sont sortis du lot. Il s’agit de Thierry Abagno Daheu (premier prix de la compétition), âgé de 38 ans, membre de la Société coopérative des producteurs de cacao de Tonga (Socoprocato) et certifiée Rainforest Alliance depuis 2012 et de Philippe Belinga Edjina (deuxième prix), membre de la coopérative MbangaSud dans l’arrondissement de Mbangassina.
Thierry Abagno a été retenu dans le cadre de l’évaluation de sa cacaoyère de 1,5 hectare qui contient des arbres d’ombrage ou fruitiers (manguier, safoutier, mandarinier, goyavier, oranger, avocatier, fromager, kolatier…) et dont les objectifs sont précis. « Cela permet de diversifier les revenus et de protéger le champ du soleil. Avec les arbres d’ombrage, le champ est fertilisé, et il y a moins d’attaques des capsides », explique le cacaoculteur. La mise en valeur de cette parcelle à travers ce modèle de cacaoculture agro-écologique, lui permet de récolter environ quatre tonnes par campagne.
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L’approche de Philippe Belinga Edjina se caractérise davantage par la présence des arbres à valeur médicinale dans sa parcelle de 1,25 hectare, en cours de certification « agriculture biologique ». C’est le cas de l’izop qui permet de fabriquer certains médicaments pour le massage du corps ainsi que du savon. Il sert aussi à purifier l’huile de palme. Il en est de même du fraké dont les feuilles et les écorces sont utilisées pour le traitement de la typhoïde. Autant de stratégies qui visent aussi bien à diversifier les revenus des producteurs, à leur assurer de meilleures conditions de vie tout en préservant l’environnement, pour le bien-être des générations présentes et futures.
Boris Ngounou