Les chefs traditionnels du Cameroun s'unissent pour aider à protéger les forêts du pays et la faune, considérées comme la pierre angulaire du patrimoine culturel du Cameroun. Mobilisés par l’organisation de protection de la nature, WildAid, ces gardiens de la tradition disent non à la viande de pangolin. Des chercheurs ont prouvé qu’au moins 500 000 à 2,7 millions de pangolins sont capturés chaque année en Afrique centrale, ceci au péril de la biodiversité et du rôle écosystémique de cet animal dans la forêt.
Malgré sa supposée responsabilité dans la transmission du virus du Covid-19 à l’être humain, le pangolin se situe sur la première marche du podium des animaux les plus braconnés sur la planète, largement devant le rhinocéros ou l’éléphant. Au Cameroun plus précisément, une enquête menée par l’organisation de protection de la nature, WildAid et le Central African Bushmeat Action Group en 2022 a révélé que le pangolin était la deuxième forme de viande de brousse la plus consommée après le porc-épic, 49 % des consommateurs de viande de brousse dans les villes de Douala et de Mbalmayo ayant déclaré avoir consommé du pangolin au cours des 12 derniers mois.
WildAid a également mené une deuxième enquête auprès du grand public dans cinq villes du Cameroun. Elle a révélé que la connaissance de la loi de 2017 protégeant les pangolins était très faible. Seules 29 % des personnes interrogées savaient qu’il était illégal de tuer et de commercialiser toutes les espèces de pangolins.
Pour inverser cette tendance, des chefs traditionnels camerounais joignent leurs forces à celle de WildAid pour appeler à la protection des forêts du pays et des espèces sauvages qui y vivent, comme le pangolin, une espèce en voie de disparition. « Notre histoire a commencé dans les vastes et sauvages forêts du Cameroun, où la vie animale s’épanouissait et où Mère Nature régnait. Elle nous nourrissait, nous chérissait, nous soignait. Maintenant, nous devons la défendre et protéger tous les animaux sauvages qui font partie d’elle », déclare Muanedi Dissake Mouangue, le chef coutumier de Bonamoukouri-Bonakouamouang, dans la région du Littoral.
« Notre culture nous enseigne à respecter la nature et à honorer nos traditions. Les pangolins sont un symbole de notre incroyable et unique forêt, du patrimoine camerounais et un pilier de notre identité. Manger des pangolins conduira à leur extinction, et donc à l’extinction d’un symbole de notre culture. Protégeons nos forêts et la faune qui y vit. Et commençons par dire NON à la viande de pangolin », déclare Nkukuma Mvondo Bruno, le chef coutumier de Minkok-Bityili, dans la région du Sud.
Un animal capital pour les écosystèmes forestiers
L’appel des chefs traditionnels du Cameroun s’inscrit dans le cadre de la campagne « Dites non à la viande de pangolin », lancée en 2022 avec le soutien des légendes du football Rigobert Song, Roger Milla et Patrick Mboma, ainsi que des musiciens Stanley Enow et LOCKO, et de l’artiste visuel Bright Toh. La campagne vise à sensibiliser au rôle crucial que jouent les pangolins dans le maintien d’un environnement sain et souligne le potentiel du Cameroun à devenir un chef de file de la conservation en Afrique en protégeant ces animaux uniques. La campagne se déroule à Douala, Yaoundé, Mbalmayo, Ebolowa et Bertoua.
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Les pangolins sont essentiels à l’écosystème forestier et aident à lutter contre les parasites qui peuvent également causer des dommages importants aux cultures agricoles. Un seul pangolin peut consommer jusqu’à 70 millions de fourmis et de termites en un an, soit près de 200 000 insectes par jour. En consommant ces insectes nuisibles, les pangolins contribuent à réguler les populations d’insectes et à protéger le secteur agricole du Cameroun, qui emploie environ 43 % de la main-d’œuvre du pays et assure la subsistance d’environ 70 % de la population.
« Le pangolin, protecteur de nos forêts et de nos sols, doit être sauvegardé pour ne pas endommager l’environnement et éviter la perte de notre identité culturelle. Chaque créature vivante que l’on trouve au Cameroun fait partie intégrante de sa culture et de ses traditions. Nous devons prendre conscience de l’importance de la protection des pangolins, sous peine de perdre bien plus que ce que nous imaginons.», prévient Jennifer Biffot, la représentante francophone de WildAid en Afrique centrale.
Le Cameroun abrite trois espèces de pangolins : le pangolin géant, le pangolin à ventre blanc et le pangolin à ventre noir. Conscient du danger d’extinction que courent ces espèces, le gouvernement camerounais a pris une décision en 2017. Celle-ci interdit la chasse, la capture, l’abattage et le commerce de toutes les espèces de pangolins, sur le territoire camerounais.
Boris Ngounou
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