Dans une récente sortie, Greenpeace Afrique demande à la Commission de l’Union européenne (UE) de mentionner le caoutchouc, dans sa nouvelle loi sur l’importation des produits associés à la déforestation. L’organisation non gouvernementale (ONG) de protection de l’environnement rappelle en effet que le caoutchouc fait des ravages au sud du Cameroun, où Halcyon Agri et sa filiale SudCam Hévéa ont déjà défriché 10 000 hectares de forêt tropicale, pour sa plantation d’hévéa.
Les nouvelles politiques de l’Union européenne en faveur de la lutte contre la déforestation mondiale doivent s’attaquer à la destruction des forêts au Cameroun par les industries du caoutchouc. C’est l’objet de la lettre adressée le 9 août 2021 par Greenpeace Afrique au chef de la délégation de l’Union européenne auprès de la République du Cameroun, Philippe Van Damme. « Le cas de Halcyon Agri et de sa filiale SudCam prouve une fois de plus qu’une nouvelle législation européenne est nécessaire de toute urgence pour réglementer la mise sur le marché européen des produits de base présentant un risque pour les forêts et les écosystèmes, afin de mettre un terme à la déforestation, à la dégradation des forêts, à la conversion et à la dégradation des écosystèmes, ainsi qu’aux violations des droits de l’homme engendrées par la consommation européenne. » écrit Lagi Toribau, le directeur exécutif par intérim, de Greenpeace Afrique.
Le caoutchouc ravage 10 000 hectares de forêts et menace les pygmées
C’est depuis 2019 que Greenpeace Afrique attire l’attention des autorités camerounaises et de la communauté internationale sur la déforestation et la violation des droits des peuples autochtones dans le cadre du projet SudCam Hévéa. Détenu à 80% par Halcyon Agri, le géant singapourien du caoutchouc, SudCam a déjà défriché 10 000 hectares de forêt tropicale en 2020, pour sa plantation d’hévéa au sud du Cameroun où elle possède une concession forestière de 100 000 hectares. Sudcam constitue aussi une menace pour la riche biodiversité de la réserve naturelle du Dja. Ce site du patrimoine mondial de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), est situé à 1 km de la plantation d’hévéa.
S’adressant à l’UE à l’occasion de la journée mondiale des peuples autochtones, Greenpeace indique également que l’implantation du projet SudCam a fragilisé le mode de vie des pygmées et provoqué leur déplacement. « Des Camerounais se sont mobilisés pour demander une politique européenne audacieuse : Les produits en caoutchouc liés à la déforestation doivent être écartés du marché européen. Les Européens ne peuvent pas voter d’une main pour un New Deal vert et utiliser l’autre pour acheter des matières premières ou financer des plantations qui effacent nos forêts et déplacent nos populations », a déclaré Nkolo Thade, un leader autochtone Baka, lors du rassemblement au cours duquel la lettre de Greenpeace Afrique a été déposée au siège de la délégation de l’Union européenne à Yaoundé.
Bannir les financements associés à la déforestation
Ce nouvel appel de Greenpeace Afrique intervient au moment où la commission de l’Union européenne élabore les articles d’une nouvelle loi sur l’importation des produits de base liés à la déforestation et la dégradation des forêts. Outre la prise en compte du caoutchouc comme produit de base présentant un risque pour les forêts tropicales et les écosystèmes, l’ONG demande également à l’Union européenne d’entreprendre des réformes sur le plan financier.
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Il s’agit d’initier une législation européenne obligeant les acteurs financiers à respecter des obligations de diligence raisonnable et des exigences de durabilité équivalentes à celles applicables aux matières premières et aux produits. « La Deutsche Bank a accordé un prêt de 21 millions d’euros à Halcyon Agri – scandaleusement décrit comme un “prêt de durabilité” – malgré tous les impacts négatifs enregistrés dans ses projets au Cameroun, et la violation continue des droits des communautés autochtones Baka. » déplore le directeur exécutif par intérim, Greenpeace Afrique.
Boris Ngounou