Le bureau Afrique-centrale du Partenariat mondial de l’Eau (GWP) lève le voile sur une maladie causée par le réchauffement climatique dans la partie septentrionale du Cameroun. Dans la région de l’extrême-nord, plus de 500 000 personnes sont affectées par la fluorose. Il s’agit d’une maladie causée par l’intoxication chronique au fluor lors de la phase de minéralisation des dents, jusqu’à l’âge de 6 ans. Elle se manifeste par l’apparition de taches jaunes, rouges ou noires sur l’émail ainsi qu’une détérioration de la couronne dentaire. Cette maladie touche les personnes vivant dans les zones arides où les températures extrêmes augmentent la concentration du fluor d’origine géologique dans les eaux souterraines.
À l’extrême nord Cameroun, les eaux souterraines des communes telles que Mbozo 3, Bamguel 1 et Bamguel 2 ont des concentrations en fluor comprises entre 4 et 6 milligrammes par litre (mg/l), alors que la norme établie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est de 1,5 mg/l.
Les femmes paient le prix fort de la fluorose dentaire
Les données réunies par le GWP-Cmr sur les mentalités et comportements humains face à la fluorose dentaire dans l’arrondissement de Méri (région de l’extrême nord-Cameroun) ont permis de constater que les femmes sont davantage stigmatisées que les hommes. Elles sont considérées comme des vecteurs et accusées de transmettre la maladie aux enfants. Les femmes affectées ont également des difficultés à se marier, car considérées comme moins belles que les autres, sales et suscitant la honte en société.
Outre les stigmates dus à la fluorose dentaire, les femmes de la région septentrionale subissent un stress hydrique caractérisé par la rareté des points d’eau et la perturbation des saisons de pluies qui a un impact négatif sur les activités agricoles.
Le programme wacdep-g
Les travaux menés durant l’année 2020 par le GWP-Cmr dans la région de l’extrême-nord, mais aussi dans la région du littoral, s’inscrivaient dans le cadre de la phase pilote du programme eau, climat et développement-genre (wacdep-G) Cameroun. « L’objectif de ce programme étendu sur une durée de deux ans est de réduire les inégalités entre sexes en promouvant une planification, une prise de décision et un développement institutionnel qui tiennent compte des différences entre sexes pour les investissements dans les infrastructures d’eau résistantes au climat en Afrique et au Cameroun en particulier », explique Murielle Elouga, chargée du programme Wacdep-G Cameroun.
Ce projet fait lui-même partie des trois principaux projets stratégiques du programme d’investissement dans le secteur de l’eau en Afrique (PIA). Un programme géré par le GWP en partenariat avec le conseil des ministres africains de l’eau (AMCOW), l’Agence du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) et la Banque africaine de développement (BAD).
Boris Ngounou