Le droit à l’eau est bafoué au Cameroun à cause des facteurs à la fois naturels et humains. Les ressources en eau ont beau être abondantes (une pluviométrie moyenne de 1 600 mm, des réserves en eaux souterraines estimées à 2700 km3 et 285 km3 de ressources en eaux renouvelables), celles-ci sont soumises à une grande variabilité spatio-temporelle décroissante du sud vers le Nord. Selon les chiffres du ministère camerounais de l’Eau et de l’Énergie (Minee), la disponibilité d’eau par habitant à l’horizon 2025 dans la partie méridionale du pays se situe à 40 000 m3 alors que dans la partie septentrionale, cet indicateur situe à 20 000 m3.
La disparité des ressources en eau au Cameroun est aussi tributaire de la répartition des infrastructures d’approvisionnement en eau. Selon l’institut national de la statistique (INS) du Cameroun, en 2018 le taux moyen d’accès à l’eau potable était de 77 % en milieu urbain et de 45 % en milieu rural.
Le Pangire
Le Plan d’action nationale de gestion intégrée des ressources en eau (Pangire) s’inscrit dans le cadre des actions menées par le gouvernement camerounais pour réduire les inégalités en thème d’accès à l’eau en zone urbaine. Lancé en 2005, le Pangire se traduit sur le plan tarifaire par une réduction de 50 % sur les coûts de branchement. Sur le plan fiscal, l’on note l’exonération de la TVA relative aux tranches de consommation dites sociales pour les ménages. Sur le plan institutionnel et juridique, le gouvernement confie à la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), la gestion des biens et droits affectés au service public de l’eau potable en milieu urbain et périurbain. Conformément au décret N° 2005/494 du 31 décembre 2005, la société à capitale public assure la planification, la réalisation des études, la maîtrise d’ouvrage, la recherche et la gestion des financements pour l’ensemble des infrastructures et ouvrages nécessaires au captage, à la production, au transport, au stockage, et à la distribution de l’eau potable.
Le Paea-MRU pour rattraper le gap dans les zones rurales
La politique d’amélioration de l’accès à l’eau potable dans les zones rurales du Cameroun est incarnée actuellement par le Projet d’alimentation en eau d’assainissement en milieu rural au Cameroun (Paea-MRU). Évalué à 18 milliards de francs CFA, ce projet vise notamment la réalisation de réseaux simplifiés d’alimentation en eau potable dont certains sont gravitaires et d’autres fonctionnent à l’aide de pompage. Pour ce projet, il est prévu 22 systèmes d’adduction en eau potable (AEP) simplifiés dans la région de l’Ouest, 16 dans la région du Sud, 28 au Nord-Ouest et 22 au Sud-Ouest.
Initialement prévue pour 2020, la mise en œuvre du Paea-MRU devrait intervenir dans les prochains mois. C’est en février 2021 que le Minee a rendu public les résultats de l’appel d’offres international restreint visant à sélectionner un consultant pour la maitrise d’œuvre complète du projet. L’adjudicataire de l’offre, est l’entreprise tchadienne Sicad (Service d’ingénierie-conseil appliqué au développement), pour un montant de 677,7 millions de francs CFA (plus d’un million d’euros), et pour une durée totale des travaux de 60 jours.
Boris Ngounou