L’organisation Rainforest Alliance vient de présenter un guide de géolocalisation des exploitations agricoles mettant en évidence les zones à haut risque de déforestation au Cameroun. Cet outil d’aide à la prise de décision accompagnera les acteurs du secteur agricole dans leurs efforts de réduction des risques de déforestation. Au Cameroun l’agriculture est responsable des deux tiers de la déforestation, soit 2,177 hectares de forêts perdues par an.
Au Cameroun, les risques de déforestation due à l’agriculture se sont accrus dans les régions du Sud et de l’Est. C’est ce qui ressort du guide de géolocalisation des exploitations agricoles mettant en évidence les zones à haut risque de déforestation et d’empiétement dans les aires protégées, présenté le 30 juin 2021 à Yaoundé, la capitale camerounaise. L’initiative de l’organisation Rainforest Alliance vise à accompagner les acteurs du secteur agricole dans la protection de la biodiversité et la réduction des risques de déforestation, notamment la conversion des forêts en exploitations agricoles.
« Dans le domaine du cacao par exemple, la région du Sud-Ouest a longtemps été la première productrice au niveau national. Aujourd’hui, la guerre séparatiste qui sévit dans cette région a provoqué la chute des récoltes, les agriculteurs de cette région se sont déplacés vers des zones forestières, notamment les régions du Sud et de l’Est. Ces mouvements augmentent la pression sur les forêts de ces deux régions. Et nous pensons que dans les prochaines années la situation sera davantage préoccupante, avec les agro-industries qui s’intéressent également aux productions à large échelle », explique Nadège Zoyem, la directrice régionale Afrique centrale de Rainforest Alliance.
Selon des données fournies par imagerie satellitaire, en 2019 le taux de déforestation au Cameroun était estimé à 0.0168%, soit environ 3,628 hectares par an. Ces surfaces déforestées incluent 1,250 hectare perdu à cause de l’exploitation forestière, et environ 2,177 hectares à cause de l’agriculture.
Une agriculture durable, certifiée
Le guide de géolocalisation des exploitations agricoles à risque de déforestation présenté par le Rainforest Alliance, a également pour vocation d’orienter les importateurs de matières premières agricoles vers des produits issus d’une agriculture durable et conforme aux normes environnementales. C’est le cas d’Olam, le deuxième exportateur de cacao camerounais. « Ce guide de géolocalisation contribuera à l’atteinte de notre objectif de cacao sans déforestation. Car Olam dans son objectif de durabilité, a pour objectif cette année de cartographier plus de 10 000 planteurs de cacao, situés hors des zones à risque de déforestation», indique Eugène Kamdem, directeur des opérations à Olam-Cameroun.
Dans sa stratégie de lutte contre la conversion des forêts en exploitations agricoles, le Rainforest Alliance a mis sur pied une certification identifiant les produits issus d’une agriculture respectueuse de la nature. La version 2020 de la norme Rainforest Alliance, qui entre d’ailleurs en vigueur en ce mois de juillet 2021, est portée sur l’amélioration continue des exigences. La nouvelle version s’articule autour de la rotation et de la rénovation des cultures, la fertilité et la conservation des sols, la protection intégrée des cultures, la gestion des produits chimiques et des pratiques de récolte et post-récolte.
Boris Ngounou