Le Cameroun a enfin son premier parc marin. De son nom de baptême « Manyange na Elombo », l’aire marine protégée située sur la frontière maritime avec la Guinée équatoriale, a une superficie de de 110 300 hectares et s’étend sur 42 364 km (26,5 miles) dans les eaux territoriales camerounaises. Sa création est l’aboutissement d’un souhait formulé par le président de la République du Cameroun, Paul Biya, il y a une vingtaine d’années. Lors du 5e Congrès mondial des parcs de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Durban (Afrique du Sud), en septembre 2003, le président camerounais avait annoncé la création des aires marines protégées dans son pays.
Dans le décret de création du parc « Manyange na Elombo », le premier ministre Joseph Dion Ngute explique que l’aire marine protégée « permettra de limiter l’incursion des pêcheurs industriels qui appauvrissent la mer en poissons ; de protéger les zones de frayères et de préserver certaines espèces halieutiques à l’exemple de la tortue marine, du lamantin d’Afrique et du dauphin à bosse ».
La réduction de pollution
Le parc marin servira aussi de régulateur des activités de toutes sortes, menées dans son voisinage, notamment sur ses berges et dans le reste de l’arrondissement de Campo, région du sud-Cameroun. « Toute activité humaine susceptible de porter aux objectifs du parc national marin Manyange na Elombo et sa zone tampon ne peut être entreprise qu’au terme des études d’impact environnemental dûment approuvées par l’administration compétente » précise le Premier ministre camerounais.
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Le gouvernement camerounais semble toutefois manquer de cohérence dans sa volonté de préservation de la biodiversité. Car le même gouvernement a déclassé en 2019, à Campo dans la zone d’influence du parc marin nouvellement créé, une superficie forestière de 60 000 hectares, en vue de l’aménagement de Camvert, le projet de la plus grande palmeraie d’Afrique. La mise en place de cette entreprise agroindustrielle est combattue par plusieurs organisations de protection de l’environnement à l’instar de Greenpeace. « Notre activité principale est la pêche. Mais si Camvert s’installe dans ce village, leurs déchets seront déversés dans la mer et nous aurons plus de poissons. Même dans la forêt, il y aura des dégâts. Nous n’aurons plus de gibier ni de plantes médicinales à cause de la déforestation », s’inquiète Léandre Mboula Mboula, riverain du parc « Manyange na Elombo ».
Boris Ngounou