La réserve de Dzanga Sangha située dans le sud-ouest de la République centrafricaine (RCA) reste le seul endroit du pays où vivent encore des éléphants. Au total, 8 000 pachydermes cohabitent avec une unité d’écogardes constituée d’anciens chasseurs pygmées. Celle-ci veille à la protection de la population d’éléphants de la réserve contre le braconnage qui sévit dans le reste du pays.
Une relation de parfaite complémentarité entre hommes et éléphants s’est nouée depuis quelque temps à Dzanga-Sangha. Dans cette réserve située au sud-ouest de la République centrafricaine en plein cœur de la forêt équatoriale, des autochtones prêtent main-forte à la protection de la faune sauvage. Il s’agit d’anciens chasseurs pygmées, qui mettent leur parfaite connaissance de la forêt au service de la préservation des éléphants en devenant guides du parc.
En suivant les pas de ces anciens chasseurs, les rangers et les militaires chargés de la protection de la réserve peuvent agir avec efficacité et précision.
Ces guides ont été sélectionnés dans les villages environnants, puis formés et employés par World Wildlife Fund (WWF), l’ONG internationale de protection de l’environnement qui gère la réserve en partenariat avec le gouvernement centrafricain.
Une récente résolution du Cites renforce la protection des éléphants d’Afrique
L’initiative entreprise en RCA par WWF est surtout motivée par une crainte, celle de voir les animaux de Dzanga Sangha, considéré comme un sanctuaire pour éléphants, exterminés par les braconniers. « Aujourd’hui il n’y a plus d’éléphants de savane… les braconniers vont forcément finir par venir ici », redoute Luis Arranz, responsable de WWF et chargé de la formation des rangers de Dzanga Sangha.
Dans cette réserve dotée d’une biodiversité extrêmement riche, classée en 1990 comme « écorégion prioritaire » par le WWF, un minimum de six éléphants a été abattu en moins d’un mois en 2018, selon les autorités. Les guerres civiles que traverse le pays depuis 2013 ont renforcé le braconnage, au point que la population de ces pachydermes s’est réduite de 94 % en trente ans, selon un rapport d’Ecofaune, organisme de protection de la faune du nord de la Centrafrique.
Les éléphants d’Afrique, quand ils ne sont pas abattus pour leurs pointes d’ivoires, sont vendus à des zoos du monde entier. Pour stopper ces actes préjudiciables à la biodiversité, la majorité des 183 membres du traité international qui régit le commerce mondial des espèces sauvages (Cites) ont décidé, le 27 août 2019 à Genève, en Suisse, que le maintien de ces pratiques était inacceptable. Le commerce international d’éléphants et de ses dérivés a donc été logiquement interdit par les pays signataires.
Boris Ngounou