L’Afrique dispose d’une biodiversité assez diversifiée. De la Côte d’Ivoire à l’Éthiopie en passant par le Maroc et l’Afrique du Sud, cette diversité biologique est en voie d’anéantissement à cause des activités humaines et du changement climatique. Heureusement, sur le terrain, de nombreux acteurs s’activent pour la préservation cette biodiversité indispensable à la vie en Afrique.
Si l’Afrique n’est pas la principale émettrice des gaz à effet de serre (GES), le continent subit néanmoins de plein fouet les conséquences du changement climatique. Le phénomène se manifeste par la recrudescence des épisodes de sécheresse qui touche aussi bien les hommes que la biodiversité. Au changement climatique s’ajoute la croissance démographique qui favorise l’extension rapide des métropoles africaines. Dans la plupart des pays d’Afrique centrale et de l’ouest, ce développement urbain se fait au détriment de la biodiversité.
Mais sur le terrain, de nombreux acteurs s’illustrent par leur intérêt pour la question environnementale et, surtout, la préservation de la biodiversité. C’est le cas des organisations non gouvernementales (ONG) qui multiplient des missions de sensibilisation à la préservation de la biodiversité, accompagnent les communautés locales dans l’adaptation au changement climatique et mènent des études pour inciter les pouvoirs publics à prendre des décisions en faveur de la préservation de l’environnement.
Le rôle clé des organisations de défense de l’environnement
Parmi les ONG les plus actives sur le terrain de la préservation de la biodiversité figure sans conteste GreenPeace Africa, la branche africaine de l’organisation GreenPeace, basée à Vancouver, au Canada. Cette grande association s’illustre particulière par les alertes, les dénonciations et les prises de positions sur les grands projets qui ont un impact sur la biodiversité. Récemment, l’organisation a encore épinglé Deutsche Bank pour le financement d’un projet agricole devant aboutir à la destruction de 10 000 hectares de forêt au sud du Cameroun.
La banque allemande a ainsi décidé de financer une concession accordée par les autorités camerounaises à Sudcam Hevea. La filiale locale du géant singapourien du caoutchouc Halcyon Agri veut raser la forêt équatoriale pour aménager une vaste plantation d’hévéa. Toujours au Cameroun, GreenPeace s’illustre par la dénonciation du projet Camvert, une grande plantation de palmier à huile qui verra bientôt le jour à Campo, au sud du pays. Cet autre projet agricole causera la perte de 60 000 hectares de forêt tropicale. Outre le Cameroun, GreenPeace est active au Congo où elle s’est fait entendre récemment au sujet de l’attribution de neuf concessions forestières aux sociétés chinoises Congo King Baisheng Forestry Development, et Congo Sunflower Forestry Development. En Afrique de l’Ouest, l’ONG internationale dénonce entre autres la surpêche dans les eaux territoriales mauritaniennes…
Pour sa part, le Fonds mondial pour la nature (WWF), très influent à l’international, fait un travail de terrain et se démarque par ses initiatives de préversion de la nature. Ces derniers mois, l’organisation a renforcé ses actions en faveur de la lutte contre la pollution par les déchets plastiques, notamment sur les îles Kerkennah en Tunisie, ou encore sur les côtes kenyanes grâce à un partenariat avec Kenya PET Recycling Company (Petco) et Mr. Green Africa. Le WWF entreprend aussi des actions pour la protection de la faune, ou encore en faveur de la production des énergies renouvelables.
La contribution des organisations de conservation de la nature
Les organisations de conservation font partie des acteurs clés de la conservation de la biodiversité en Afrique. La plus active est sans doute African Parks NetWork. Fondée en 2000 et basée à Johannesburg, en Afrique du Sud, l’organisation gère les parcs nationaux et les zones protégées à travers l’Afrique, en partenariat avec les gouvernements et les communautés locales. Avec plus de 1 000 rangers, African Parks gère au moins 15 parcs nationaux africains.
En Afrique de l’Ouest, l’organisation a obtenu la gestion déléguée du parc national de Pendjari et du W au Bénin. En Afrique centrale, Africa Parks organise la protection des parcs nationaux de Garamba en République démocratique du Congo (RDC), d’Iona en Angola, d’Odzala-Kokoua au Congo, d’Ennedi, de Siniaka Minia, de Zakouma au Tchad, ainsi que celle de la réserve naturelle de Chinko en République centrafricaine (RCA). Les parcs nationaux de l’Akagera et de Nyungwe au Rwanda, de Bangleulu et de Liuwa Plain en Zambie ou encore Lilongwe, Majete, Mangochi et Nkhotakota au Malawi, sont également sous la protection d’Africa Parks.
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Pour sa part, Noé contribue à la préservation de la flore et de la faune dans plusieurs pays africains. L’association, basée à Paris, en France, a créé la branche « Parcs de Noé » pour la sauvegarde de la biodiversité à travers des partenariats public-privé (PPP) à long terme avec des mandats allant de 15 à 25 ans. Dans le cadre de ces PPP, Parcs de Noé assure la gestion opérationnelle quotidienne et la planification des activités tandis que les gouvernements restent propriétaires et responsables des cadres législatifs et politiques. L’association a encore obtenu la gestion déléguée du Parc national de Conkouati-Douli au Congo, de la réserve de faune de Binder-Léré au Tchad, ainsi que de la Réserve nationale naturelle de Termit et Tin Toumma au Niger.
L’appui des partenaires financiers à la préservation de la biodiversité
Dans le cadre ses activités en Afrique, Noé reçoit le soutien de plusieurs partenaires au développement à l’instar de l’Agence française de développement (AFD). Comme la plupart des institutions financières internationales, la banque française veut augmenter ses financements en faveur de la préservation de la biodiversité en Afrique. Ainsi, lors du One Planet Summit qui s’est tenu en ligne le 11 janvier 2021, l’AFD s’est engagé à débloquer 1 milliard d’euros pour le financement de la préservation de la biodiversité au cours des cinq prochaines années dans le monde, dont 600 millions d’euros iront à l’initiative de la Grande muraille verte.
L’Agence a par ailleurs été suivie d’autres institutions financières à l’instar de la Banque africaine de développement (BAD) qui a promis 6,5 milliards de dollars pour la Grande muraille verte en 5 ans. La Banque mondiale s’est quant à elle engagée à financer les projets climatiques à hauteurs de 22,5 millions de dollars, également en l’espace de 5 ans. Cet autre appui financier devrait bénéficier à l’Afrique qui fait face à un véritable défi climatique pour le développement de son agriculture et la préservation de la biodiversité. Indépendamment de ces engagements relativement récents, ces banques de développement augmentent de plus en plus leurs financements climatiques, aux côtés des partenaires bilatéraux.
L’assistance des partenaires bilatéraux et des organisations régionales
Le véritable fait d’armes de l’Union africaine (UA) en faveur de la protection de l’environnement reste sans conteste la Grande muraille verte. Le but de cette initiative est de planter une mosaïque d’arbres, de prairies, de végétation et de plantes sur 8 000 kilomètres de long et 15 kilomètres de large à travers le Sahara et le Sahel pour restaurer les terres dégradées « et aider les habitants de la région à produire une nourriture adéquate, à créer des emplois et à promouvoir la paix ».
Cette bande de végétation qui permettra aussi la régénération de la biodiversité traversera la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Éthiopie, l’Érythrée et Djibouti. Même si la mise en place de la Grande muraille verte accuse un grand retard depuis son lancement en 2007, en raison notamment de l’absence de financement, le projet n’en demeure pas moins ambitieux et réalisable. D’ailleurs, lors du One Planet Summit, de nombreux partenaires au développement ont promis des fonds pour relancer le projet.
Parmi les partenaires de la Grande muraille verte figure également l’Union européenne (UE). Cette institution s’engage aussi dans d’autres projets visant la préservation de la biodiversité en Afrique. En 2019, l’UE a ainsi engagé 100 millions d’euros pour la mise en œuvre de la sixième phase du programme régional d’appui pour la préservation de la biodiversité et des écosystèmes fragiles en Afrique centrale (Ecofac). Le but de cette initiative est la préservation de la biodiversité avec l’appui de 12 aires protégées répertoriées au Cameroun, en République centrafricaine (RCA), au Congo, en République démocratique du Congo (RDC), au Gabon, au Tchad et au Sao Tomé-et-Principe.
Quel rôle pour les gouvernements africains ?
Dans certains pays africains, la biodiversité et notamment la faune représentent une manne financière importante pour l’économie. Car, une faune sauvage bien préservée attire les touristes. Ainsi, dans des pays comme le Kenya, le secteur touristique a contribué à hauteur de 1,61 milliard de dollars au PIB en 2019. En Tanzanie voisine, le tourisme pèse autour de 4,3 % du PIB. En 2018, les recettes touristiques ont atteint 2,4 milliards de dollars, en hausse de 7 % par rapport à 2017. Le nombre de visiteurs, qui s’établit à 1,5 million sur l’année, pourrait encore croître de plus de 16 % d’ici à 2023, estime ainsi la direction générale du Trésor français. Tout dépendra cependant de l’évolution de la crise sanitaire due à la Covid-19 qui a causé l’annulation de nombreuses réservations en 2020 et en 2021.
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Selon la même source, la croissance du secteur touristique s’appuie sur des attractions uniques et diversifiées, dont sept sites inscrits au patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Les parcs nationaux du nord de la Tanzanie, en particulier le Serengeti et le cratère du Ngorongoro, offrent des safaris parmi les plus réputés d’Afrique. Mais la Tanzanie fait face à l’aggravation du conflit homme-faune que les autorités tentent de maîtriser avec le soutien des organisations de défense de l’environnement.
Le Gabon se démarque aussi par ses politiques visant la préservation de la biodiversité floristique. Ce pays, situé en plein cœur de la forêt équatoriale, figure parmi les principaux exportateurs de bois du continent africain. En 2009, le gouvernement gabonais a annoncé l’interdiction de l’exportation du bois en grume. Le but de cette mesure qui est entrée en application en 2010 visait la création d’emplois pour les jeunes, mais surtout à assurer la traçabilité du bois pour éviter les coupes abusives. Cette politique a encore été renforcée avec l’application de la diligence raisonnée dans la zone économie spéciale (ZES) de Nkok.
Jean Marie Takouleu
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