Au dernier jour du Forum Maîtrise et adaptation des villes intermédiaires au Sahel (Mavil) qui s’est tenu dans la ville historique de Saint-Louis au Sénégal, Jean Marc Pradelle, le président de l’association internationale GRDR Migrations-Citoyenneté-Développement s’est réjoui des nouvelles réflexions qui ont permis d’avancer sur la résilience de Bakel (Sénégal), Kaedi (Mauritanie) et Kayes (Mali). Retour sur le déroulement de cet évènement majeur pour le développement urbain en Afrique de l’Ouest.
Ils étaient 70 élus locaux, représentants des partenaires au développement et de la société civile, à participer au Forum « Quelles trajectoires pour les villes du Fleuve Sénégal ? Regards sur Kayes, Kaédi et Bakel » qui s’est tenu du 12 au 14 décembre 2023 à Saint-Louis au Sénégal. Ces trois jours de débat et de partage multiculturel entre les villes du Sahel et de l’Europe ont été axés sur des questions essentielles au développement des villes intermédiaires notamment l’adaptation au changement climatique, les infrastructures de développement (eau, assainissement, écoles, électricité) ou encore la sécurité transfrontalière.
Les échanges interactifs et parfois houleux ont permis d’aborder en premier lieu la problématique de l’égalité des genres qui selon Diodio Diadiou est assez cruciale pour atteindre l’ensemble des objectifs de développement durable (ODD) particulièrement en Afrique de l’Ouest. L’universitaire sénégalaise, spécialiste de la géographie sociale s’est appuyée sur la célèbre citation du chercheur français Yves Lacoste « la ville est pensée au masculin », pour dénoncer le faible accès des femmes ouest-africaines à la propriété foncière, ainsi que leur vulnérabilité au-devant des inondations et des sècheresses prolongées que connaissent la sous-région.
Pour sa part, l’architecte et président du Think and do tank GS-Development Luc Gnacadja a largement employé le verbe co-construire pour inciter à impliquer davantage l’habitant dans la planification urbaine. L’ancien ministre de l’Environnement du Bénin a également insisté sur la prise en compte de l’aspect culturel et l’évolution démographique. « La résilience climatique est avant tout culturelle. Nous avons exploré les défis de l’urbanisation rapide au sud du Sahara, où l’exode rural ne représente que 2/5 de la croissance de la population urbaine. Avec 97% des zones urbaines comptant entre 10 000 et 300 000 habitants », a-t-il martelé.
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La question du financement a été aussi largement évoquée car sans les capitaux les projets des collectivités territoriales de Bakel (Sénégal), de Kaedi (Mauritanie) et de Kayes (Mali) restent noyés dans le Fleuve Sénégal qui les sépare. C’est dans cette logique que les diasporas ont été invitées à investir massivement dans l’agroécologie, les installations d’eau potable, le recyclage des déchets et les kits solaires afin que leurs villes d’origine puissent avancer sur la transition écologique. En la matière, l’équipe de la plateforme « Repat Africa » (migrants de retour, Ndlr) créée en 2019 a annoncé qu’elle avait déjà levé 300 000 euros.
Benoit-Ivan Wansi, envoyé spécial au Sénégal