Depuis plusieurs mois, l’approvisionnement en eau potable est perturbé à Moroni, la capitale des Comores. Deux raisons principales sont évoquées, la vétusté du réseau de distribution de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) des Comores, et l’arrivisme des vendeurs ambulants d’eau.
Le 24 octobre 2023, la place Badjanani, près de la mosquée de Moroni, la capitale des Comores a été transformée en lieu de rassemblement le temps de quelques heures. Bouteilles vides en main, les Moronais se sont levés comme un seul homme pour dénoncer la situation de stress dans laquelle ils se trouvent depuis plusieurs mois à cause de l’instabilité du réseau de distribution d’eau potable.
Les plus impactées, les femmes, ont pris la parole pour raconter l’impact de ces pénuries d’eau sur leurs activités quotidiennes, entre cuisine, lessive, vaisselle, etc. Le ralentissement des activités économiques fait également partie des conséquences de ces pénuries d’eau. Les Moronais, qui étaient plus d’une centaine sur la place Badjanani ce jour avaient l’intention de défiler dans les rues de la capitale, mais leur projet a été stoppé par un important dispositif de gendarmes , ont précisé nos confrères du Journal de Mayotte le 31 octobre 2023.
L’une des raisons avancées par la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) pour justifier cette crise de l’eau est la vétusté du réseau de distribution d’eau, mis en service en 1970. « Aux Comores, il ne se pose pas de problème de sources d’eau, mais de distribution. Il n’y a pas mille solutions, il faut augmenter les capacités de stockage et construire des réservoirs au-dessus des foyers pour pouvoir couvrir les zones non desservies. Un projet de construction d’un grand réservoir de 2 500 m3 est en cours au centre nord de Moroni. Une fois terminé, tous les problèmes seront réglés », a indiqué la Sonede.
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Moroni dispose pourtant de trois stations de pompage de 9 000 m3 par jour, 3 000 m3 par jour, et le site « ONU 4 » d’une capacité de 2 000 m3 par jour. À ces installations s’ajoutent deux citernes de stockage d’une capacité cumulée de 2 500 m3. La deuxième raison évoquée est l’arrivisme des vendeurs ambulants d’eau. Selon les Moronais, ceux-ci prennent d’assaut tous les jours les sites de pompage, bloquant l’unique canalisation qui achemine l’eau vers Moroni et ses environs.
Ce sont donc deux chantiers à mener de front par le gouvernement des Comores pour porter à 67 % le taux d’accès à l’eau potable dans le pays d’ici à 2027, contre 19 % actuellement. La capitale Moroni est loin d’être la seule ville des Comores en situation de crise hydrique.
Inès Magoum