La poursuite du projet de création de l’aire protégée de Messok-Dja, au nord-ouest de la République du Congo, dépend désormais des quelque 48 communautés d’autochtones qui vivent dans cette zone forestière. Suite aux plaintes de ces dernières, l’Union européenne (UE) a décidé en avril 2020 de suspendre une partie du financement qu’elle accordait à ce projet d’aire protégée, porté par la plus grande organisation mondiale de protection de la nature, le WWF (Fonds mondial pour la nature).
En août 2019, les pygmées Baka avaient dénoncé le projet du WWF, dans une lettre directement adressée à l’UE. « Cela fait des années que des écogardes financés par le WWF sont arrivés chez nous. Ils nous interdisent de chasser pour nourrir nos familles. Ils nous interdisent d’entrer dans notre forêt. Ils ont établi les limites du parc, sans avoir notre consentement » se plaignaient-ils. Se gardant de toutes indifférences, la Commission de l’Union européenne dont le respect des droits humains est l’un des fondements a mandaté sur le terrain l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) pour vérifier les allégations exprimées par les autochtones.
C’est au terme de la mission de vérification de l’OCDH que la commission de l’UE a donc décidé de la suspension de son soutien financier pour le projet de Messok-Dja. Un soutien dont le montant s’élève à un million d’euros. L’UE reste toutefois disposée à poursuivre son appui financier, à condition que les peuples Baka soient favorables à la poursuite du projet de Messok Dja, ceci après avoir bien évidement trouvé un terrain d’entente avec WWF.
Messok Dja, une forêt tropicale au potentiel faunique précieux
L’ONG WWF a tout intérêt à voir aboutir le projet de conservation et de gestion participative de l’aire protégée de Messok-Dja. Il s’agit de l’un des derniers sanctuaires pour les éléphants de forêts et les grands singes. La région comprend également des forêts primaires ou quasi intactes, qui jouent un rôle de corridor essentiel pour la grande faune de la région.
Boris Ngounou