Agil Congo devra réparer les dégâts environnementaux dont l’entreprise minière est à l’origine, sous peine d’être traduite en justice par le gouvernement. Basée au nord du Congo Brazzaville, elle a détruit 150 ruisseaux dans 32 sites, sans même détenir un permis d’exploitation minière.
À Kellé, une préfecture située au nord du Congo Brazzaville, les plaintes des populations ont fini par avoir raison d’Agil Congo. La société chinoise qui exploite l’or dans cette localité a vu ses activités suspendues, avant d’être mises en demeure par l’État.
À la suite de plusieurs alertes lancées par des associations de défense de la nature, la ministre du Tourisme et de l’Environnement a effectué le 19 janvier 2019, une mission de travail à Kellé. Arlette Soudan-Nonault a été choquée par la triste réalité des faits. Les populations locales sont en effet au bord d’une catastrophe écologique sans précédent. À la recherche de l’or, la société Agil Congo, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, a tout détruit sur son passage. Au village Nguingoli, la population a perdu sa source d’eau (la ressource est souillée), le bois y compris. Il en est de même pour les sites d’Andoubi, au village Akamou. Près de cent-cinquante ruisseaux sur trente-six sites ont été abimés. Les habitants n’ont plus d’eau, ni pour boire ni pour se laver. Ils souffrent tous d’une maladie appelée « Nkwaka Nzoka ».
Agil Congo devra payer pour la restauration des sites miniers
À l’issue d’une visite d’inspection dans 32 sites miniers, où opérait l’entreprise chinoise, la ministre a tenu des déclarations réconfortantes, à l’endroit des riverains. « Je décide donc, en application de l’article 45 de la loi sur la protection de l’environnement, une mise en demeure avec interdiction de toutes activités d’Agil Congo. Cette société devra dépolluer, reboiser, décontaminer tous les sites d’exploitation, après avoir fait l’audit sur les dégâts causés. Le préfet étudiera les procédures de mise à exécution de cette mesure avec ses services, dans un délai de deux mois », a indiqué Arlette Soudan Nonault devant une population en liesse à Kellé.
La ministre a en outre dénoncé le caractère illégal des activités désastreuses d’Agil. Tout en dédouanant de toutes responsabilités le président de la République, Arlette Soudan a signalé que l’entreprise Agil avait reçu du gouvernement un permis « d’exploration » minière, et non un permis « d’exploitation » minière. La ministre avait expliqué aux cadres d’Agil Congo les procédures d’obtention d’agrément, faute de quoi l’entreprise de retrouverait dans l’illégalité la plus complète. Or, il se trouve que cette dernière n’a jamais reçu de certificat de conformité, qui est le premier document officiel délivré par le ministère du Tourisme et de l’Environnement, dans le processus d’obtention d’un permis d’exploitation minière.
Les désastres environnementaux dans les sites miniers ne sont malheureusement pas l’apanage du Congo Brazzaville. D’autres pays africains, dans leur quête d’une croissance économique, s’appuient de plus en plus sur l’industrie minière. Et comme d’autres activités, en rapport avec la transformation de la nature, cette industrie pose actuellement des problèmes d’environnement très aigus en de nombreux points de la planète.
Les exploitations minières mal gérées sont souvent responsables de la pollution de l’environnement et participent à l’appauvrissement de la biodiversité et des nombreux services économiques, sanitaires et sociaux qu’elle rend .
Pourtant, les différentes législations minières, dans plusieurs pays du continent, prévoient la prise en compte de l’aspect environnemental dans l’exécution des projets industriels. Mais, dans la pratique, force est de constater la violation de ces lois, avec des compagnies minières et une administration locale très souvent soupçonnées de connivence, au détriment de la nature et des populations sacrifiées. Dans ce contexte, la décision d’Arlette Soudan-Nonault n’en est que plus remarquable.
Boris Ngounou