Greenpeace exige la publication des contrats forestiers signés le 14 janvier 2020 entre l’État et deux sociétés chinoises. L’ONG de protection de l’environnement soupçonne le gouvernement congolais d’avoir manqué à ses promesses, en autorisant l’exploitation de près de deux-millions d’hectares de forêts protégées.
Le gouvernement congolais n’a pas respecté le délai fixé par Greenpeace Afrique. Dans un communiqué publié le 4 mars 2020, l’ONG internationale de protection de l’environnement réclame la publication de tous les documents relatifs aux contrats forestiers signés le 14 janvier 2020 entre l’État et deux sociétés chinoises : Congo King Baisheng Forestry Development, et Congo Sunflower Forestry Development.
D’après l’ONG, il s’agissait de la signature de neuf contrats de concessions forestières, couvrant une superficie totale de près de deux-millions d’hectares (20 000 km2). Mais les transactions ont été réalisées en violation de certaines dispositions règlementaires, notamment le décret n° 11/26 du 12 mai 2011, qui prévoit la publication dans les 60 jours de tout contrat ayant pour objet les ressources naturelles.
Greenpeace dénonce ainsi l’opacité dans l’attribution de ces concessions. « Il est difficile de dire si c’est dans des zones protégées ou non… Selon les premières informations que nous avons actuellement, c’est dans la forêt dense de la RDC. Nous savons combien les forêts de la République démocratique du Congo jouent un grand rôle dans la lutte contre le changement climatique. » a indiqué Irène Wabiwa Betoko, chef de projet international pour la campagne forêt de Greenpeace.
Non-respect des engagements écologiques
L’ONG Greenpeace relève par ailleurs que le gouvernement congolais a manqué à sa promesse de préserver sa forêt (155,5 millions d’hectares, soit près de la moitié de la forêt du bassin du Congo). En effet, les contrats dénoncés ont été signés quelques semaines après l’approbation d’une aide internationale de 12 millions de dollars au bénéfice de la RDC dans le cadre d’un programme de gestion durable des forêts.
Pour le gouvernement congolais, il ne s’agit que de « cessions » de titres existants. « Il n’y a pas de nouvelles concessions attribuées. Il y a eu changement de dénomination de la part des concessionnaires », a déclaré le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Claude Nyamugabo, le 5 mars 2020 à Kinshasa, en marge d’une rencontre sur la politique forestière de la RDC.
De sources officielles, il existe un moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions, dans le cadre du Code forestier de 2002. « Nous sommes en train de remplir les conditions pour lever ce moratoire en concertation avec nos partenaires » a ajouté le ministre.
Boris Ngounou