Au Congo, le gouvernement valide l’extension du parc national de Conkouati-Douli vers l’océan atlantique. Cette décision permettra de renforcer la conservation de la faune marine, notamment les tortues marines, les dauphins et les baleines à bosses.
Réuni en Conseil des ministres le 25 octobre 2023, le gouvernement congolais a adopté un projet de décret modifiant le décret n° 99-136 bis du 14 août 1999 portant création du parc national de Conkouati-Douli. Avec ce décret, la superficie totale du parc passe de 504 950 à 795 550 hectares, soit une extension marine de 2 900 km2.
Cette décision « permet au Congo de s’aligner sur l’accord de Kumning-Montréal (adopté en 2022 au Canada, Ndlr) relatif à l’adoption d’un nouveau cadre mondial qui vise à enrayer le déclin de la biodiversité d’ici à 2030, notamment grâce à la protection attendue d’au moins 30 % des terres et des mers », explique Thierry Lézin Moungalla, le porte-parole du gouvernement congolais. Selon l’association Noé qui assure la gestion déléguée de ce point chaud de biodiversité, Conkouati-Douli a désormais une superficie maritime totale de 4 275 km2.
La lutte contre la pêche illégale
« À ceci s’ajoute une partie terrestre de 3 680 km2, soit un total pour le parc de 7 955 km2 », explique Bas Verhage, le directeur de la collecte de fonds de Noé. L’association basée à Paris en France devra donc renforcer ses activités en mer, notamment grâce à Conkouati Shark, un navire de 9 m. Mais l’extension du parc « va nous demander d’augmenter nos moyens de transport maritime pour atteindre des distances plus grandes en mer ou la limite de l’extension est à 123 km de la côte (contrairement au 25 km actuellement), demandant de mener des missions de plusieurs jours, avec des mesures de sécurité plus importantes (moyen de communication à très longue distance, bateau de secours, etc.) », explique Bas Verhage.
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Cette extension devrait surtout réduire la pêche illégale près des côtes congolaises. Cette activité dénoncée depuis des années par plusieurs organisations de défense de l’environnement dans le golfe de Guinée est attribuée aux chalutiers chinois qui pratiquent de la pêche industrielle. Pourtant, « le parc national de Conkouati-Douli abrite notamment une grande zone de reproduction des poissons à travers ses mangroves et sa lagune connectées avec la mer à travers l’embouchure. La pêche illégale proche de la côte et dans le parc a pour conséquence d’épuiser les stocks de juvéniles et les poissons destinés à la pêche artisanale dont dépendent une grande partie de la population côtière congolaise », explique Bas Verhage de l’association Noé.
Le symbole de l’engagement du Congo en faveur de la biodiversité
À l’en croire, l’extension du parc vers la mer permettra la protection des tortues, des dauphins et des baleines à bosses. Pour mémoire, la partie terrestre de Conkouati-Douli est située à cheval sur les districts de Nzambi et de Madingo-Kayes, dans l’extrême nord-ouest du département de Kouilou. Le parc se trouve aussi à proximité des villages de Cotovindou et Louléma, le long de la frontière entre le Congo et le Gabon.
L’espace naturel est arrosé par les rivières Noumbi, Ngongo et Niambi. Il dispose d’une flore très dense, typique des végétations équatoriales. Ses forêts luxuriantes offrent un cadre de vie à plus de 8 000 chimpanzés et 2 000 gorilles des plaines occidentales. Le parc national de Conkouati-Douli abrite également plus de 1 000 éléphants de forêt. Ces pachydermes côtoient de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs qui viennent squatter les nombreuses zones humides du parc.
Jean Marie Takouleu
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