Au Congo, le triangle de Djéké connu pour sa riche biodiversité vient d’être intégré au parc national de Nouabalé-Ndoki dans le nord-ouest du pays. L’objectif est de préserver sa forêt « intacte » abritant des gorilles des plaines de l’Ouest en danger critique d’extinction.
La superficie du parc national de Nouabalé-Ndoki s’agrandit de 95 km2. Le choix est fait par le gouvernement congolais qui décide d’y ajouter le triangle de Djéké que les scientifiques considèrent comme l’un des points chauds de biodiversité du Congo. Le triangle de Djéké abrite une importante population de gorilles des plaines de l’Ouest. Ce primate est classé sur la liste des espèces animales « en danger critique d’extinction » de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Les gorilles des plaines de l’Ouest qui jadis parcouraient l’Angola (notamment enclave de Cabinda, Ndlr), le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine (RCA) et la République du Congo, sont particulièrement impactés par le braconnage dû à la demande croissante de la viande de brousse, les maladies et la disparition de l’habitat, une application insuffisante des lois, la corruption et une bien plus grande facilité d’accès à des habitats autrefois isolés.
Un site important pour la recherche
Le triangle de Djéké est aussi une zone d’importance mondiale pour l’étude de l’écologie et du comportement des gorilles des plaines de l’Ouest, car il abrite Mondika, l’un des plus anciens sites de recherche à long terme sur cette espèce. « Depuis 1995, trois groupes de gorilles ont été habitués à la présence humaine autour de Mondika, permettant des observations directes des gorilles dans leur environnement naturel. Cela a permis de collecter des données en continu pendant 25 ans, et de faire des progrès significatifs dans notre connaissance de cette espèce, la moins connue des grands primates », indique l’organisation Wildlife Conservation Society (WCS) qui assure la conservation de la biodiversité du parc national de Nouabalé-Ndoki.
Lire aussi- CONGO : Olam et WCS s’accordent pour la biodiversité autour du parc de Nouabalé-Ndoki
En intégrant le triangle de Djéké au parc national de Nouabalé-Ndoki, le gouvernement du Congo vise également à conserver les forêts qui couvrent désormais 60 % de son territoire. Aussi, le plan d’aménagement, entériné par les autorités congolaises le vendredi 10 février 2023 prévoit la création, au sein du Triangle de Djéké, d’une zone communautaire d’utilisation durable, où les locaux pourront continuer la récolte de produits non ligneux, notamment du miel, les feuilles, des champignons et pratiquer de la pèche. Toutefois, le port d’armes à feu reste interdit dans la zone.
L’intégration des communautés locales dans la conservation de la biodiversité
Au terme de ses consultations communautaires, la WCS a identifié 13 villages qui sont intégrés au plan d’aménagement du triangle de Djéké. L’intégration des communautés locales à cette initiative de conservation est conforme « aux normes établies pour l’obtention du Consentement libre, informé et préalable (Clip) des peuples autochtones et des communautés locales. Les communautés ont elles-mêmes identifié les zones d’importance culturelle et économique à l’intérieur du triangle de Djéké », assure la WCS.
Ces dernières années, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme et médias ont dénoncé la situation de certaines populations, notamment les pygmées qui sont mis à l’écart dans certains programmes de conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo. En 2019, le site d’information américain BuzzFeed a accusé le Fonds mondial pour la nature (WWF) de financer et de travailler avec des gardes anti-braconnage qui auraient torturé et tué des personnes dans des parcs en Asie et en Afrique. Une information qui a relancé le débat sur le colonialisme vert en Afrique.
Jean Marie Takouleu