À travers ses forêts, le Congo constitue un stock de carbone vital au niveau mondial et abritent une biodiversité toute aussi importante. Dans ce pays situé au cœur du « deuxième poumon vert » de la planète, la forêt joue également un rôle important dans l’économie nationale et celle des ménages. Selon la Banque mondiale, le Congo possède la troisième plus grande étendue de forêt tropicale humide d’Afrique, et 80 % de celle-ci n’est pas protégée.
L’accord signé récemment entre le Congo et le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) de la Banque mondiale visent à débloquer 41,8 millions de dollars pour financer la réduction des émissions de CO2 engendré par la déforestation. Le soutien du FCPF permettra aussi la réduction de la dégradation des forêts et l’augmentation de la séquestration du carbone, à travers le système REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation).
La réduction de 8,4 millions de tonnes de CO2 en 4 ans
« Cet accord de paiement des réductions d’émissions (ERPA) récompensera les efforts visant à réduire 8,4 millions de tonnes d’émissions de carbone jusqu’en 2025 dans le cadre de l’ambitieux programme de réduction des émissions de la République du Congo », indique la Banque mondiale. Le programme de réduction des émissions de CO2 du Congo qui testera désormais le système REDD+ sera mis en œuvre dans la Sangha et la Likouala. Situés dans le nord du pays, ces deux départements qui couvrent une zone de 12 millions d’hectares constituent près de 60 % des forêts congolaises selon la Banque mondiale.
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« Bien que le taux de déforestation national ait été historiquement bas, la forêt tropicale risque de devenir un futur point chaud de déforestation, notamment en raison de l’activité accrue des entreprises impliquées dans l’exploitation forestière, la production d’huile de palme et l’exploitation minière », souligne l’institution financière dirigée par David Malpass. L’exploitation du bois étant l’une des principales causes de la déforestation en Afrique centrale, le gouvernement congolais, prévoit de travailler avec les compagnies forestières sur des activités de réduction des émissions, telles que l’adoption de techniques d’exploitation forestière à impact réduit, l’identification et l’évitement des forêts à haute valeur de conservation, etc.
Quelles garanties pour les communautés autochtones ?
Selon Brazzaville, le programme comprend aussi un plan de partage des bénéfices, élaboré par le biais de consultations des parties prenantes aux niveaux national et local, afin de garantir que les membres de la communauté et les partenaires locaux soient reconnus et récompensés pour leur rôle dans la réduction des émissions. Il s’agit notamment des populations autochtones qui dépendent des forêts pour leur subsistance. Ces communautés contribueront à la réduction des émissions de carbone et à l’augmentation de leurs revenus par le biais de pratiques agricoles durables à travers la production du cacao sur de petites exploitations, les systèmes agroforestiers de subsistance ou encore les programmes de plantations d’arbres fruitiers.
Si les communautés locales semblent être prises en compte grâce au système REDD+, avec le développement des activités comme la culture du cacao, il convient de signaler que la production de ces fèves destinées à l’exportation est à l’origine de la déforestation massive en Côte d’Ivoire. Selon le chercheur Traoré Kassoum de l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, le couvert forestier de la Côte d’Ivoire était estimé à 16 millions d’hectares en 1900. De nos jours, il ne reste plus qu’environ 2,5 millions d’hectares.
Pour mémoire, les ERPA sont des instruments qui encouragent la gestion durable des terres et aident à mettre les pays en relation avec d’autres sources de financement du climat. Outre le Congo, ce mécanisme bénéficie déjà à d’autres pays africains à l’instar de Madagascar, du Mozambique ou encore de la République démocratique du Congo (RDC).
Jean Marie Takouleu