Stay Clean veut éliminer le phénomène de la défécation à l’air libre à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Pour ce faire, l’association équipe les marchés en toilettes sèches. Une solution durable et écologique, qui prend également en compte la revalorisation des matières fécales recueillies en biogaz ou en engrais organiques.
Stay Clean, une association suisse très active en République démocratique du Congo (RDC), est désormais prête pour le lancement de son projet dans la capitale. Il s’agit d’un projet d’amélioration du bien-être des femmes et des enfants à travers la construction des blocs de toilettes sèches dans les marchés les plus fréquentés de la ville. Encore appelées toilettes à compost, les toilettes sèches sont des installations sanitaires qui n’utilisent pas d’eau pour la chasse des matières fécales. Il est donc possible de récupérer les excréments pour produire du biogaz ou des engrais organiques.
Le projet de Stay Clean sur les toilettes sèches à Kinshasa est une réponse au manque criard d’installations sanitaires que connaît la ville de 14,5 millions d’habitants. Selon l’Unicef, seuls 29 % de la population a accès à des installations sanitaires améliorées. Et pourtant, l’accès à des conditions sanitaires et d’hygiène adéquate permet la prévention de multiples maladies d’origine hydrique, à l’instar du Choléra, l’épidémie qui a causé près de 900 décès dans ce pays d’Afrique centrale en 2018.
Les toilettes sèches ont de nombreux avantages écologiques
L’annonce toilettes sèches à Kinshasa s’est faite le 1er octobre 2020, par les responsables de Stay Clean, qui venaient de bénéficier d’une formation dispensée en Suisse par la Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco), sur la gestion et le suivi des projets. C’est de là qu’est partie la motivation nécessaire au lancement d’un projet dont l’étude faisabilité est menée depuis 2017. « Dans la planification de nos actions, nous aurons à sensibiliser des milliers de vendeuses et vendeurs des trois grands marchés de Kinshasa. Ce projet va renforcer la dignité des femmes dans les marchés, tout en leur apportant une formation sur le respect des gestes barrières, la gestion et l’entretien de nos blocs sanitaires », indique Limangi Barocheli, chargé de projet à Stay Clean. Dans ses perspectives, l’association prévoit le développement d’un vaste réseau de toilettes autonome à l’énergie solaire, abordable et couvrant les 24 communes de la ville de Kinshasa.
Déjà vulgarisées dans certains pays européens notamment en Suède, bien avant la Deuxième Guerre mondiale, les toilettes sèches, en plus d’être des sources de biogaz et d’engrais organiques, ont d’autres avantages écologiques. Elles permettent d’économiser l’eau contrairement aux toilettes ordinaires qui consomment trois à douze litres d’eau à chaque utilisation. L’usage des toilettes sèches permet également de simplifier le traitement des eaux dans les stations d’épuration, car les bactéries et substances chimiques présentes dans les excréments nécessitent un traitement plus long pour être aussi inoffensives que l’eau grise (eau de lavage).
Boris Ngounou