Les délégations présentes à la 25e conférence des Nations Unies sur le climat (COP25), du 2 au 13 décembre 2019 à Madrid en Espagne, ont fait part de leurs besoins prioritaires, suivant leurs lieux de provenance. Alors que la majorité des pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique soutenaient les démarches liées à la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, les négociateurs africains ont plaidé pour les moyens d’adaptation aux phénomènes météorologiques extrêmes, dont beaucoup sont liés aux impacts du changement climatique.
Selon le Groupe des experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’Afrique qui ne représente que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est le continent le plus touché par les effets du changement climatique. Sept des dix pays du monde les plus exposés aux désastres climatiques sont africains. En 20 ans, de 1995 à 2015, le continent a subi 136 épisodes de sècheresse, dont 77 dans la seule région d’Afrique de l’Est.
L’enjeu pour le continent est donc de trouver des moyens de faire face à ces catastrophes liées au climat et de parvenir à un développement économique avec un minimum d’émissions de carbone. Deux objectifs qui nécessitent des fonds énormes que les pays africains ne peuvent générer. « Les Africains ne sont pas responsables du début de l’histoire dans la crise climatique, mais ils vont avoir un grand impact sur la manière dont elle va se terminer », a déclaré Mohamed Adow, dirigeant du think tank Power shift Africa et vétéran des négociations climatiques à l’ONU.
100 milliards de dollars par an, dès 2020 ?
Les pays africains ont notamment abordé les questions liées aux financements des moyens de lutte et d’adaptation au dérèglement climatique. En 2015, lors de la COP21 de Paris en France, les pays développés s’étaient engagés à verser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en voies de développement à partir de 2020. Mais un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) montre que tous versements confondus, un maximum a été atteint en 2017 avec un montant total de 71,2 milliards de dollars.
En outre, les pays en voie de développement s’inquiètent de la pérennité du financement du Fonds Vert, en dépit des promesses. Créé il y a 10 ans lors de la COP15 et officiellement lancé en 2011 lors de la COP17 de Durban en Afrique du Sud, ce fonds, considéré depuis la COP21 comme étant le véritable organisme de financement de l’Accord de Paris, devait être pourvu de 10 milliards de dollars. Réunis en octobre dernier, les pays membres ont promis d’y contribuer à hauteur de 9,8 milliards de dollars pour la période 2020-2023, et ce, en dépit de la défection des États-Unis.
La COP25 a réuni 196 pays en tout. Elle visait surtout à finaliser les préparatifs pour appuyer l’Accord de Paris de 2015 sur le climat et continuer de relever le niveau d’ambition en prévision de l’élaboration des plans d’action nationaux contre les changements climatiques à l’approche de la phase cruciale de mise en œuvre en 2020.
Boris Ngounou