La problématique du financement climatique se pose de plus en plus avec acuité en Afrique. Alors que les gouvernements africains et la société civile déplorent les promesses non tenues des pays développés en matière de financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement, les prévisions financières de la Banque africaine de développement (BAD) apportent des arguments chiffrés.
Dans son rapport sur les perspectives économiques africaines en 2022, la BAD indique que l’Afrique a besoin de 1300 à 1600 milliards de dollars de financement entre 2022 et 2030 pour faire face de manière efficace au changement climatique. Sur ce montant, 715 milliards dollars sont nécessaires pour l’atténuation des effets du changement climatique, 1,3 milliard dollars pour les besoins techniques et technologiques, entre 289 et 440 milliards dollars pour les pertes et préjudices alors qu’entre 259 et 407 milliards dollars seront nécessaires pour financer l’adaptation climatique. Et sur ce dernier point, c’est l’Afrique de l’Est qui enregistre le coût estimatif d’adaptation le plus élevé, soit 143 milliards dollars.
Résoudre le déficit de la finance climatique en Afrique
Ce rapport de la BAD intervient à la veille de la 27e conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27) qui se tient du 7 au 18 novembre 2022 en Égypte. Surnommé « la COP africaine » le rendez-vous de Sharm El-Sheikh est perçu sur le continent comme l’occasion ou jamais de résoudre dans les faits, le problème du déficit de la finance climatique en Afrique.
Pour tenter de résoudre ce problème, les dirigeants mondiaux présents à la COP15 de Copenhague en 2009 s’étaient engagés à mobiliser collectivement 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour aider les pays en développement à s’adapter aux changements climatiques. Mais cette promesse n’a jamais été tenue.
« Ces dernières années, de nombreux pays en développement et militants ont multiplié les appels en faveur de la création d’un fonds destiné à dédommager les pays pauvres des ravages causés par le changement climatique, dont les pays riches sont responsables de manière disproportionnée en raison de leurs émissions passées. Cet appel a été rejeté lors du sommet de l’année dernière (COP26 à Glasgow en Écosse, Ndlr). », explique Sameh Shoukry, le ministre égyptien des Affaires étrangères, qui est également le président désigné de la COP27.
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Lors de la COP26, la question du financement par les pays riches des conséquences du réchauffement climatique, une revendication souvent appelée « pertes et dommages », avait été soulevée. Mais la tenue d’un dialogue sur la question a été repoussée jusqu’en 2024.
Boris Ngounou