Les organisations de la société civile et les militants internationaux, panafricains et nationaux sont consternés par la menace d’étouffer les communautés et les économies dans une production accrue de pétrole et de gaz pour les décennies à venir. Avant la clôture officielle des négociations sur le climat à Charm el-Cheikh, des militants africains ont pris la parole lors d’une conférence de presse le 16 novembre 2022, pour affirmer leur consternation face à la poursuite de la production des combustibles fossiles sur le continent.
Pour les organisations de protection de la nature Safe Lamu, Stop EACOP, Fridays for future, Powershift Africa, le Mouvement des jeunes pour la protection de l’environnement en République démocratique du Congo (RDC) et Greenpeace Afrique, certains dirigeants africains ont utilisé la 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27), surnommée « la COP africaine », pour saper les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat en poussant à la conclusion de nouveaux accords sur les combustibles fossiles au détriment des populations et du continent. Au-delà de l’expression de demandes collectives concernant un accord sur un mécanisme de financement dédié aux pertes et dommages et de la demande aux nations les plus riches de respecter leurs engagements climatiques en matière d’adaptation et d’atténuation, des délégations africaines ont profité de la conférence pour se rallier à la nouvelle ruée vers le pétrole et le gaz sur le continent.
Le projet Eacop en Afrique de l’Est
« Eacop, le projet franco-chinois d’oléoduc de pétrole brut en Afrique de l’Est est un exemple clair d’exploitation coloniale en Afrique et dans tous les pays du Sud. Avec 1444 km allant de l’Ouganda à la Tanzanie, il deviendrait le plus long oléoduc chauffé du monde, libérant 34 millions de tonnes métriques de CO2 par an, accélérant substantiellement la rupture climatique. », dénonce Patience Nabukalu, militante ougandaise de Stop EACOP et de Fridays for Future.
Le projet de construction d’une centrale à charbon à Lamu, sur la côte nord du Kenya, fait également partie des projets décriés par ces activistes africains présents à la COP27.
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Ces projets vont à l’encontre des recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), selon lequel les infrastructures de combustibles fossiles existantes sont déjà suffisantes pour dépasser la limite de 1,5°C, et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), selon laquelle aucun nouveau gisement de pétrole et de gaz dont l’exploitation a été approuvée n’est compatible avec la trajectoire vers 1,5°C.
Pour parvenir à un résultat significatif en Égypte, « les délégués doivent écouter les populations africaines et non le secteur des combustibles fossiles, et s’engager collectivement à éliminer progressivement tous les combustibles fossiles, refléter cet engagement dans la décision relative à la couverture et accepter la création d’un mécanisme de financement des pertes et dommages », préconisent les défenseurs de la nature.
Boris Ngounou