COP27 : un accord a minima à Charm el-Cheickh

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COP27 : un accord a minima à Charm el-Cheickh© ONU-Climat

La 27e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27) s’achève avec une note positive. Les gouvernements du monde entier se sont mis d’accord pour la création d’un fonds sur les « pertes et dommages » dédié au pays les plus impactés par le dérèglement climatique. Une avancée importante, malgré l’absence d’un accord sur la réduction de l’utilisation des énergies fossiles à l’origine du réchauffement de la planète.

C’est la plus grande nouvelle de la 27e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27). Les pays du monde s’accordent sur la mise en place d’un mécanisme financier pour compenser les « pertes et dommages », causés par le réchauffement climatique dans les pays les plus vulnérables. L’idée d’un tel fonds n’est inscrite à l’agenda officiel des négociations que lors de la COP27. C’est la raison pour laquelle la plupart des négociateurs africains saluent « une avancée historique » qui est un pas vers la justice climatique clamé par les pays en développement depuis une trentaine d’années.

L’Alliance des petits États insulaires (OASIS), qui regroupe le Vanuatu, les Fidji, les Comores ou encore le Bélize, a évoqué la nécessité d’un tel fonds dès le début des assises mondiales sur le climat en 1991. « Nous avons déterminé une voie à suivre dans le cadre d’une conversation qui dure depuis des décennies sur le financement des pertes et dommages, en délibérant sur la façon dont nous abordons les impacts sur les communautés dont les vies et les moyens de subsistance ont été ruinés par les pires impacts du changement climatique », a déclaré Simon Stiell, le secrétaire exécutif des Nations unies pour le Changement climatique lors de la cérémonie de clôture de la COP27 en Égypte.

Les contours du fonds à déterminer…

Les contours du fonds sur les « pertes et dommages » restent à définir. Mais selon la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (ONU Climat), un « comité de transition »  sera mis en place afin de formuler des recommandations sur la manière de rendre opérationnels les nouveaux mécanismes de financement et le fonds lors de la COP28 prévue en 2023 à Dubaï aux Émirats arabes unis (EAU). La première réunion du comité transitoire devrait se tenir avant la fin du mois de mars 2023.

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Le fonds sur les « pertes et dommages » est un combat vieux de 30 ans, et qui devrait donner une nouvelle dimension à la finance climatique qui fait aujourd’hui défaut dans les pays les plus vulnérables au dérèglement climatique, notamment dans la Corne de l’Afrique ou la sécheresse menace les moyens de subsistance des populations depuis près de quatre ans.

L’épineuse question du financement du nouveau fonds

L’accord sur les « pertes et dommages » a fait l’objet d’intenses négociations à Charm-el Cheikh. Ce qui explique d’ailleurs la prolongation des discussions à la COP27 jusqu’au communiqué final le 20 novembre, et non le 18 novembre 2022 tel que prévu par l’ONU Climat. Les négociations promettent d’être tout aussi périlleuses en 2023 à Dubaï.

D’ores et déjà, la question des contributeurs promet d’être sensible. Au cœur des négociations se trouve le classement des pays par l’Organisation des Nations unies (ONU) dans les catégories « développés » ou « en développement », qui date de 1992. Faut-il suivre aujourd’hui cette classification pour attribuer les financements ? L’Arabie saoudite, le Qatar, la Russie, le Brésil, l’Indonésie, mais aussi l’Inde et la Chine figurent parmi les pays « en développement », selon les règles de l’époque.

L’opposition de l’Union européenne

Pour l’Union européenne (UE) dont les négociateurs n’ont pas caché leurs déceptions après l’adoption de l’accord sur les « pertes et dommages », il faut actualiser le classement de l’ONU en prenant en compte la situation économique actuelle. « Si vous gelez les choses à 1992, alors des pays qui ont aujourd’hui des moyens financiers énormes, qui ont eu une très forte croissance, seraient exonérés de contribuer au soutien aux plus vulnérables. Je trouve ça inacceptable », dénonce Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne.

Ce n’est pas la première fois que les États membres de l’ONU s’engagent à débloquer des fonds pour soutenir les efforts d’adaptation  au changement climatique dans les pays en développement. Les promesses faites lors de la COP15 de 2009 à Copenhague au Danemark n’ont encore pas été entièrement honorées, (notamment la promesse des pays du nord de fournir les 100 milliards de dollars par an) alors qu’elles devaient être atteintes en 2020.

L’échec des négociations sur les combustibles fossiles

Toutefois, le véritable échec de la COP27 se résume à l’absence d’ambitions de réduction des combustibles fossiles à l’origine du réchauffement de la planète. Face à la crise énergétique exacerbée par  la guerre en Ukraine et les sanctions prises à l’encontre de la Russie, plusieurs pays européens ont relancé leurs centrales à charbon, et n’ont logiquement pas trouvé d’intérêt à réduire l’utilisation des énergies fossiles.  C’est le cas notamment de l’Allemagne qui en juin 2022 a relancé 27 centrales à charbon, notamment de celle de Petershagen située dans la partie ouest du pays, en vue de « pallier les livraisons déclinantes de gaz russe ».

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L’utilisation de ces énergies polluantes a d’ailleurs été farouchement défendue par les lobbyistes du secteur pétrolier et gazier. Au moins « 636 lobbyistes des énergies fossiles, affiliés à certains des plus gros pollueurs du pétrole et du gaz, se sont inscrits pour les discussions climatiques à la COP27 », selon les calculs de Global Witness et d’autres associations publiés le jeudi 10 novembre 2022. Cela représente une augmentation de plus de 25 % par rapport à la COP26 qui s’est tenue à Glasgow en Écosse il y a un an.

De l’autre côté, il y a les pays africains qui ont défendu le droit d’utiliser les combustibles fossiles, notamment le gaz pour assurer leur développement économique. Seulement, les énergies fossiles produites ou en cours d’exploration en Afrique bénéficient d’abord aux pays occidentaux. C’est ce que démontre le rapport « Qui finance l’expansion des énergies fossiles en Afrique ? » publié en marge de la COP27 par l’organisation allemande Urgewald avec un collectif d’associations africaines, européennes dont Reclaim Finance ou encore les Amis de la Terre. Le chemin vers la décarbonation promet d’être long…

Jean Marie Takouleu et Boris Ngounou

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