Du 30 novembre au 12 décembre 2023, toutes les attentions seront portées sur les Émirats arabes unis (EAU). Le pays hôte de la 28e Conférence des parties (COP28) sur le climat affiche également la onzième empreinte carbone la plus élevée au monde, loin devant le Ghana (27e) par exemple. Parmi les causes, une économie fortement adossée sur les énergies fossiles et la folie des grandeurs des 10 millions d’Émiratis qui sont toujours en quête d’innovation même si cela implique de compromettre les milieux naturels.
La planète a les yeux braqués sur les Émirats arabes unis (EAU) à trois semaines de la 28e Conférence des parties (COP28) sur le climat. Le pays du Golfe est réputé autant pour sa richesse pétrolière (7e exportateur mondial juste derrière la Chine, Ndlr) que pour ses édifices ultramodernes. Et c’est la capitale économique Dubaï, célèbre pour ses gigantesques centres commerciaux et ses centres de loisirs extravagants, qui accueille l’évènement.
Souvent considérée comme une « cité de la démesure » même pour ses températures qui atteignent parfois les 50° en période estivale, Dubaï n’est pas encore un modèle écologique. En tout cas, elle est très en retard en termes d’infrastructures vertes par rapport à la ville égyptienne de Sharm-el-Sheikh qui à pareil moment en 2022, inaugurait déjà une centrale solaire (5Mwc) et des autobus électriques sur le site de la COP27. À son tour, le visage de Dubaï ne semble pas à la hauteur des attentes de la scène internationale en matière de sobriété et de préservation des ressources.
La COP28 ou le rancard à Dubaï des lobbyistes des énergies fossiles
Le choix de cette ville touristique est donc jugé « scandaleux » par les défenseurs de l’environnement à commencer par le Réseau Action Climat — International (CAN). « La menace constante des lobbyistes des combustibles fossiles lors des négociations climatiques des Nations unies a toujours affaibli les résultats, mais cette situation atteint un autre niveau dangereux et sans précédent avec la nomination de Sultan Ahmed al-Jaber à la présidence de la COP28, alors qu’il occupe le poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale des EAU », regrette l’organisation dont le siège est à Bonn en Allemagne.
Les 3,5 millions de Dubaïotes quant à eux sont souvent pointés du doigt sur les réseaux sociaux pour l’importation massive de leur nourriture. Une politique d’approvisionnement qu’ils ont tendance à justifier par le manque de champs. Et ce n’est pas tout. La construction de trois îles artificielles (Palm Islands, Palm Jumeirah et Palm Jebel Ali) censées accroître de 120 km la longueur du littoral de Dubaï fait également débat.
Une mise en garde de l’Afrique ?
Pour les naturophiles, de tels projets nécessitant le dragage du sable menacent les récifs coralliens, accentuent la pression sur les ressources en eau, sans compter les déchets générés par les nouveaux occupants. Ces innovations controversées ne devraient pas directement influencer les décisions finales de la prochaine COP28, mais pourraient quand même crisper l’ambiance entre les négociateurs issus des différentes délégations aux idéaux divergents.
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Dans le même temps, ces critiques à l’égard des Émirats arabes unis (EAU) apparaissent comme une sonnette d’alarme vis-à-vis des pays réfractaires à la transition écologique. L’Afrique par exemple ne contribuant qu’à hauteur de 3 % aux émissions de gaz à effet de serre (GES) s’entête à exploiter ses gisements miniers et gaziers au détriment de la qualité de l’air (pollution industrielle intense). Dans ce contexte, les grands écologistes de la planète ne se réserveront pas de remettre en question les extractions en cours au Nigéria, au Sénégal ou en Ouganda, si jamais l’un de ces pays africains était retenu pour accueillir la prochaine grand-messe climatique (COP).
Benoit-Ivan Wansi