Les équipes du pape François créent la surprise en annonçant qu’il sera présent à Dubaï du 1er au 3 décembre prochain, pour une série d’entretiens et de discours focalisés sur la transition écologique. C’est à l’occasion des négociations climatiques des Nations unies qui seront marquées par la présence historique d’un élu de Rome.
C’est une première depuis le lancement de la Conférence des parties des Nations unies sur les changements climatiques (COP) en 1995. Le pape François, chef de l’Église catholique romaine participera aux assises de la COP28 qui s’ouvrent le 30 novembre 2023 aux Émirats arabes unis (EAU). Durant trois jours, la diplomatie environnementale du Vatican prévoit des rencontres privées bilatérales, l’inauguration du « Pavillon de la foi » sur le site vert de l’Expo City à Dubaï ainsi qu’un « discours-clé » devant les représentants de 194 pays et des organisations de la société civile (OSC) venus de tous les continents.
Selon la presse pontificale, cet évènement est déterminant pour l’évêque de Rome parce qu’il s’agira de « faire aboutir un accord international visant à baisser les émissions des gaz à effet de serre (GES) ». C’est la clé de toutes les tensions entre les nations du nord et du sud, notamment au sujet de qui paie la facture de la pollution et comment réussir la transition énergétique. Conscient des divisions et de l’injustice souvent orchestrées par ces questions depuis bien de décennies déjà, le pape François veut à travers sa présence dans la capitale économique émiratie prôner l’équité et encourager le consensus.
Pour l’heure, rien n’indique qu’une fumée blanche sortira des négociations entre l’Europe, l’Amérique, l’Océanie, l’Asie et l’Afrique à l’issue de cette visite apostolique. Mais elle est clairement la bienvenue au sein du royaume hôte puisque plutôt en octobre 2023, le souverain pontife a reçu au « Saint-Siège » Sultan Al-Jaber (le président de la COP28) avec qui ils ont réfléchi à l’idée d’adopter un « plan d’action détaillé » pour appliquer l’Accord de Paris signé en 2015 lors de la COP21.
L’Afrique au cœur de la diplomatie environnementale du Vatican
En rappel, ce texte négligé par la plupart de ses signataires prévoit de limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C. C’est l’essence même de la controverse autour du financement de la résilience climatique des pays en développement par les grands pays pollueurs. Et dans ce labyrinthe, les nations africaines sont les grandes oubliées. On devra donc s’attendre à un message papal qui recommande aux dirigeants du monde de prendre des mesures urgentes pour protéger la biodiversité, accélérer le développement des énergies propres et impliquer la jeunesse dans la transition écologique.
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À Dubaï, les pays africains seront sans doute les plus attentifs au pape François, lui qui a effectué une tournée régionale en février 2023. À Kinshasa par exemple, le prélat argentin a été pris à partie par les écologistes qui attendaient qu’il dénonce les importants projets gaziers et pétroliers en cours dans le bassin du Congo. Mais il a rattrapé son silence un peu plus tard au second semestre de cette année en publiant l’encyclique Laudate Deum (Louez Dieu, Ndlr) dans laquelle il condamne la pollution par les multinationales et met en garde contre « l’effondrement de la terre ».
Benoit-Ivan Wansi