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COP28 : le fonds « pertes et dommages » sera finalement hébergé à la Banque mondiale

COP28 : le fonds « pertes et dommages » sera finalement hébergé à la Banque mondiale © COP28 UAE

Deux semaines après l’échec des négociations en Égypte, le Comité de transition sur les pertes et préjudices achève sa cinquième et dernière réunion à Abu Dhabi aux Émirats arabes unis, par un accord fragile. Puisque « les États-Unis d’Amérique affirment qu’il ne s’agit pas d’un document consensuel, car ils n’étaient pas présents lors de son adoption », regrette le comité.

Les pays du Nord et du Sud s’entendent donc pour héberger le Fonds pour les pertes et dommages, sur une période provisoire de 4 ans au sein de la Banque mondiale, une position âprement défendue par les Américains et soutenue par l’Union européenne (UE). Sauf que les pays du Sud estiment que cette banque basée à Washington est une institution financière « aux mains des Occidentaux ». D’ailleurs, lors des récents évènements internationaux, les pays du sud global ont exigé, sans succès pour le moment, la réforme profonde des institutions de Bretton Woods, y compris le Fonds monétaire international (FMI).

Une gestion remise en cause

La fronde est telle que certains pays du sud se tournent vers la Nouvelle banque de développement (NBD) proposée par les États des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme alternative à la Banque mondiale existante et au FMI. Cette tendance devrait s’accélérer avec l’élargissement des BRICS à l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie saoudite, l’Argentine, les Émirats arabes unis (EAU) et l’Iran.

https://twitter.com/LossandDamage/status/1720891487276204369

Face au choix des États-Unis d’Amérique et de l’UE d’héberger le nouveau Fonds pour les pertes et dommages du changement climatique à la Banque mondiale, plusieurs observateurs sont montés au créneau peu avant la cinquième réunion du Comité de transition sur les pertes et préjudices. C’est le cas de David Archer, un membre actuel de la Commission des finances du Conseil d’administration du Partenariat mondial pour l’éducation (PME) dont le fonds est hébergé à la Banque mondiale.

Des frais de gestion élevés

« Le coût de l’hébergement par la Banque mondiale est l’une des principales préoccupations. Ces dernières années, les frais administratifs de base payés à la Banque mondiale pour l’hébergement du secrétariat du PME ont augmenté », explique-t-il dans une tribune publiée sur Climate Change News. À l’en croire, il y a quelques années, les frais de gestion du fonds du PME sont passés à 17 %, puis la Banque mondiale a tenté de les porter à 24 %. Cela a provoqué l’indignation du Conseil d’administration du PME qui l’a négocié à 20,5 %.

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Selon David Archer, « une situation similaire pourrait se produire dans le cas des pertes et dommages ou du financement du climat au sens large ». Par ailleurs, « la Banque mondiale pourrait se considérer comme exonérée de toute responsabilité plus large si elle prend en charge le fonds pour les pertes et dommages », ajoute-t-il.

Qui alimentera le nouveau fonds ?

Parmi les autres points de friction sur la question des pertes et dommages climatiques figure également la question des pays contributeurs qui n’a toujours pas été tranchée. Le texte adopté il y a quelques jours aux Émirats arabes unis n’oblige pas les gros pollueurs à alimenter le fonds. Les pays européens et les États-Unis insistent cependant sur la nécessité pour la Chine (la deuxième économie mondiale) de contribuer au nouveau fonds.

Les pays du golfe qui contribuent massivement au réchauffement global de la planète à travers leurs hydrocarbures sont aussi incités à participer au renflouement de la caisse. Considérée comme la principale avancée obtenue à la 27e Conférence des parties sur le climat (COP27) en Égypte en 2022, la question du financement des pertes et dommages devrait permettre d’avancer sur les discussions à Dubaï lors de la COP28, du 30 novembre au 12 décembre 2023, axée sur la transition énergétique.

Jean Marie Takouleu

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