« Une déclaration sur la santé et le climat ». Il était temps, à l’heure où le changement climatique menace de plus en plus la santé physique, mentale et physiologique de l’Homme. Le texte élaboré par les Émirats arabes unis (EAU), avec le soutien de 11 pays dont l’Égypte, et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a été dévoilé le 2 décembre 2023 au village de la COP28.
L’impact négatif du changement climatique sur la santé humaine est enfin reconnu à l’international. « Les effets du changement climatique sont déjà à nos portes. Ils sont devenus l’une des plus grandes menaces pour la santé humaine au 21e siècle », a déclaré Al Jaber, président de la 28e Conférence des parties des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) le 2 décembre 2023 à l’Expo City de Dubaï. C’était lors de la cérémonie de présentation de la déclaration des Émirats arabes unis (EAU) sur le climat et la santé, à la veille de la journée dédiée à la santé. « Le texte envoie un signal fort : nous devons réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et travailler ensemble pour renforcer nos systèmes de santé », a ajouté le responsable.
En effet, le changement climatique a de graves conséquences sur la santé humaine. S’agissant des phénomènes météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur, les tempêtes et les inondations, les EAU indiquent que 189 millions de personnes y sont exposées chaque année. Les conséquences sont de l’ordre des maladies d’origine alimentaire et à transmission hydrique ou vectorielle, aux problèmes de santé mentale, et des décès dans le pire des cas, peut-on lire dans le rapport changement climatique et santé, publié le 12 octobre 2023 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le changement climatique influe également sur la pollution de l’air, qui est responsable du décès de 9 millions de personnes sur le globe chaque année.
La déclaration déjà signée par 123 pays
Afin de mettre sur pied un document complet sur la santé et le climat, les EAU ont collaboré avec les dirigeants de 11 autres pays parmi lesquels le Brésil, le Malawi, le Royaume-Uni, les États-Unis, les Pays-Bas, le Kenya, les Fidji, l’Inde, l’Égypte, la Sierra Leone et l’Allemagne, ainsi que l’OMS qui sensibilise depuis plusieurs années déjà aux l effets du changement climatique sur la santé, afin d’amener les États à prendre des mesures de résilience pour la santé publique.
La déclaration pour laquelle se sont déjà engagés 123 pays à Dubaï, couvre une série de domaines d’action à la croisée du climat et de la santé, notamment la mise en place de systèmes de santé plus résistants au climat, le renforcement de la collaboration intersectorielle afin de réduire les émissions de GES et de maximiser les avantages de l’action climatique pour la santé, et l’augmentation des financements pour les solutions en matière de climat et de santé. Puisqu’il n y a que dix pas entre la santé et le climat qui représentent respectivement les 3e et 13e objectif de développement durable (ODD3 et ODD13),les signataires se sont également engagés à intégrer des politiques de santé dans leurs plans climatiques nationaux. Ainsi, le renforcement de la collaboration internationale sera nécessaire pour faire face aux risques sanitaires du changement climatique, notamment à l’occasion des futures conférences des parties.
Au village de la COP28, il a aussi été reconnu que le financement sera un moteur important de la réussite de la Déclaration dévoilée à Dubaï etdont l’implémentation devrait contribuer à maintenir le seuil de 1,5 °C à portée de main tel que préconisé par l’Accord de Paris. « Le Malawi a fait l’expérience de ces impacts de première main – des événements climatiques extrêmes qui ont déplacé des dizaines de milliers de nos citoyens et déclenché des épidémies de maladies infectieuses qui en ont tué des milliers d’autres. Nous appelons à une voie plus audacieuse qui donne la priorité aux investissements dans la santé et le bien-être, assure une transition juste pour s’éloigner des combustibles fossiles et crée un avenir plus sain pour nous tous », a déclaré Lazarus Chakwera, le président du Malawi à la COP28.
Quelque 1 milliard de dollars déjà engagés pour répondre aux besoins croissants de la crise climat-santé
Aussi, une série de nouveaux engagements financiers sur le climat et la santé a été annoncée pour soutenir cette volonté politique multilatérale, notamment une enveloppe de 300 millions de dollars du Fonds mondial pour préparer les systèmes de santé, 100 millions de dollars de la Fondation américaine Rockefeller pour intensifier les solutions en matière de climat et de santé, et une annonce du gouvernement britannique d’un montant « pouvant atteindre 54 millions de livres sterling », plus de 68 millions de dollars.
Collectivement, les partenaires au développement, les Organisations non gouvernementales (ONG) et les gouvernements se sont engagés à Dubaï, à consacrer 1 milliard de dollars pour répondre aux besoins croissants de la crise climat-santé.
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Toujours s’agissant des financements, la présidence de la COP28 s’est associée au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme lancé en 2002, au Fonds vert pour le climat (FVC) dont le siège social se trouve en Corée du Sud, à la Fondation Rockefeller et à l’OMS dirigée actuellement par le biologiste éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour dévoiler un ensemble de dix principes. Ils visent à renforcer le financement du climat et de la santé, à mobiliser des fonds nouveaux et supplémentaires et à encourager l’innovation avec des projets transformateurs et de nouvelles approches multisectorielles. Le renforcement des capacités de base des pays, des communautés et des institutions financières en matière d’élaboration et de mise en œuvre des politiques, et l’intégration des objectifs en matière de climat et de santé dans les stratégies de financement, sont deux de ces principes.
Inès Magoum