Une forte sécheresse sévit actuellement dans la Corne de l’Afrique. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) alerte la communauté internationale pour une action rapide en faveur des populations rurales, les plus exposées. Selon l’organisation, si rien n’est fait dans les six prochains mois, ce sont en tout 1,5 million de personnes qui seront impactées dans cette partie de l’Afrique.
La crise qui touche cette région déjà connue pour son climat aride est exacerbée par La Niña. Encore mal connu, ce phénomène climatique se manifeste par la diminution des températures à la surface des eaux de l’est de l’océan Pacifique, autour de l’équateur. Conséquence, le nombre de cyclones augmente dans le Pacifique et la sécheresse s’intensifie en Amérique du Sud et en Afrique de l’Est. La Somalie, l’Éthiopie et le Kenya sont les pays africains les plus exposés à ces phénomènes.
La nécessité d’une action urgente
La sécheresse s’additionne à d’autres facteurs, des conflits notamment en Éthiopie et en Somalie, ainsi que la crise sanitaire due à la Covid-19, mais surtout l’invasion acridienne de 2020 et 2021. En février 2020, plus de 70 000 hectares de plantations agricoles ont été dévastés par des criquets pèlerins en Somalie et en Éthiopie. La situation était plus critique au Kenya où l’invasion acridienne a affecté les moyens de subsistance de 2,5 millions de personnes.
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Les effets conjugués de ces crises fonds craindre une situation de famine dans la Corne de l’Afrique. Selon les projections de la FAO, 25,3 millions de personnes se trouveront dans une situation d’insécurité alimentaire très aiguë d’ici à la mi-2022. « Si ce scénario devait se concrétiser, la situation dans la Corne de l’Afrique figurerait parmi les pires crises alimentaires au monde », avertit l’organisation.
La mobilisation de 138 millions de dollars
Face cette situation, la FAO présente un plan de sortie de crise qui nécessitera un investissement global de 138 millions de dollars. Pour améliorer la résilience des agriculteurs face à la sécheresse, l’organisation onusienne prévoit de distribuer des semences de variétés tolérantes à la sécheresse et à maturité précoce de sorgho, de maïs, de niébé et de haricot mung (riche en protéines), ainsi que des légumes riches en nutriments. Le plan prévoit aussi l’organisation des services de préparation à la plantation et de labourage, l’amélioration de l’accès à l’irrigation et des formations aux bonnes pratiques agricoles.
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Aux éleveurs, la FAO compte fournir des aliments pour animaux et des suppléments nutritionnels et relancer les cliniques vétérinaires mobiles pour que les animaux restent en bonne santé et produisent du lait. L’organisation investira également dans l’approvisionnement en eau pour le bétail, à travers l’installation de nouveaux réservoirs repliables de 10 000 litres dans des zones reculées. Les puits existants seront réhabilités et équipés de pompes solaires. Dans les localités côtières, notamment en Somalie, la FAO soutiendra la pêcherie locale à travers la fourniture de bateaux, du matériel, ainsi que la formation des pêcheurs locaux.
Pour une action efficace, la FAO estime qu’il faudra débloquer 130 millions de dollars d’ici fin février 2022. À terme, ce plan, s’il est financé, devrait permettre de produire 90 millions de litres de lait et jusqu’à 44 000 tonnes d’aliments de base au cours du premier semestre 2022. Une telle production devrait mettre en sécurité pendant au moins six mois plus d’un million de personnes en situation d’insécurité alimentaire, estime l’organisation dirigée par Qu Dongyu.
Jean Marie Takouleu