Ne l’appelez plus Africa Global Recycling, mais Groupe Africa Global Recycling (Groupe AGR). Car la PME togolaise se lance désormais à l’assaut des marchés de la valorisation des déchets dans la sous-région ouest-africaine. AGR est en passe de s’installer au Bénin et en Côte d’Ivoire, où le groupe vient de signer un partenariat stratégique avec La Poste ivoirienne. L’entreprise de service public, qui a lancé plusieurs chantiers de modernisation, proposera à ses clients professionnels un service absolument unique de collecte des déchets de bureau (papiers, emballages cartons, plastiques…). Ils seront triés et valorisés par Africa Global Recycling. Dans la foulée de cet accord, le groupe AGR va finaliser le mois prochain la création juridique de sa filiale ivoirienne, Africa Global Recyling Côte d’Ivoire.
Un plan d’investissement à 7 millions d’euros
L’annonce de ce partenariat à Abidjan intervient après une levée de fonds qui a permis de récolter, fin 2018, près d’un million d’euros auprès de plusieurs investisseurs, dont le Groupe Duval, présent en Afrique depuis 2015. L’entreprise française a installé sa filiale, Pelegrina Africa, à… Lomé et Abidjan et se développe principalement sur l’Afrique de l’Ouest francophone et une partie de l’Afrique centrale, au travers de trois pôles majeurs : Immobilier, Hydro et Ensemblier-PPP.
La société AGR, créée en 2013 par Edem d’Almeida, qui affirme contrôler 52 % du capital de l’entreprise, connait une très forte croissance et profite du soutien d’industriels présents sur la moitié du continent.
Le plan de marche du chef d’entreprise, « si les astres restent bien alignés » prévoit un deuxième tour de table dans 18 mois pour un montant de 2 à 2,5 millions d’euros et une dernière levée de fonds, trois ans après, à hauteur de 3,5 millions d’euros. Le groupe est accompagné dans sa démarche par I&P Conseil, une filiale du capital-investisseur français fondé par Jean-Michel Severino, que dirige Cécile Carlier.
Exporter le savoir-faire d’Africa Global Recycling
Le groupe AGR a plusieurs pays cibles en tête : le Bénin donc et la Côte d’Ivoire, mais également le Sénégal, la Guinée-Conakry, le Gabon, le Burkina Faso, le Mali, le Cameroun, le Congo ou encore… Madagascar.
Spécialiste du tri et de la valorisation multifilière, Edem d’Almeida, « repat » et ancien de Suez, est l’un des premiers entrepreneurs d’Afrique subsaharienne sur le marché des déchets à avoir réussi l’industrialisation de ce processus, tout en s’adaptant aux réalités locales. Résultat : il traite aujourd’hui 35 tonnes de déchets par jour sur son site de Wuiti, au sud de Lomé.
Du recyclage à la fabrication de produits ?
Le groupe Africa Global Recycling compte donc exporter son savoir-faire dans d’autres pays africains, mais ses ambitions ne s’arrêtent pas là. Car, si 80 % de la matière première secondaire est actuellement exportée vers des clients situés principalement en Europe et ailleurs dans le monde, le dirigeant d’Africa Global Recycling anticipe d’ores et déjà la hausse des coûts de transport à l’horizon d’une décénie et la nécessité de développer son marché intérieur. Pour ce faire, il réfléchit actuellement à la création d’une activité de fabrication de produits finis à partir de la matière recyclée, qui seraient revendus sur les marchés d’Afrique. Ce qui permettrait de boucler la boucle et de parfaire un modèle africain d’économie circulaire, en ligne avec la politique RSE et sociale ambitieuse du groupe.
Jean Marie Takouleu
et Christoph Haushofer