À une soixantaine de kilomètres d’Abidjan se trouve la localité de Jacqueville, qui compte plus de 32 000 habitants. Ici, le moyen déplacement urbain reste le fameux « taxi-brousse », une espèce de voiture vétuste, connue localement sous le nom de « wôrô-wôrô ». Ce sont ces mêmes voitures polluantes qui servent à transporter les biens et les personnes jusqu’à la grande ville d’Abidjan.
Mais à Jacqueville, la municipalité a décidé de s’attaquer à la pollution que génère ce mode de transport. Elle est en train d’expérimenter des tricycles solaires importés de Chine. Car tout part du voyage de Marc Togbé dans l’Empire du Milieu. Il a alors l’idée d’adapter des panneaux solaires et des batteries à des tricycles. De retour chez lui, en Côte d’Ivoire, il décide de promouvoir ce moyen de locomotion, notamment à Jacqueville. Sur place, il propose cette solution à la municipalité qui donne son aval pour l’expérimentation.
Le soutien de la mairie de Jacqueville
Au départ, deux tricycles ont été mis en service, pour le déplacement de la population. Aujourd’hui, avec l’aide de la mairie, huit autres sont en circulation. Ces tricycles, à l’allure de voiturettes, mesurent 2,7 m de long sur 2 m de haut. Des panneaux solaires sont installés sur le toit des véhicules. Ils permettent de charger 6 batteries de 12 volts, pour une autonomie moyenne de 140 km.
Pour lancer son projet, Marc Togbé a reçu le soutien de Balla Konaté, un homme d’affaires de la région. Cette start-up du transport alternatif emploie déjà 20 personnes ; des conducteurs et des mécaniciens. Et la population adhère à ce nouveau service. « C’est agréable, pour des courses plus rapides », se félicite un habitant de Jacqueville dans un reportage de la télévision francophone TV5 Monde. « Dès six heures du matin, nous sommes à pied d’œuvre pour finir aux environs de 22 heures et parfois même minuit, surtout pendant le week-end », explique Philippe Aka Koffi, un conducteur de tricycle solaire. Pour lui, les populations sont aussi attirées par le prix d’une course, dans la mesure où elle coûte 100 francs CFA (15 centimes d’euro) au lieu de 200 francs CFA, pour le « wôrô-wôrô ».
L’affaire marche tellement bien que Marc Togbé, avec son associé, l’homme d’affaires Balla Konaté, envisage d’étendre leur service à d’autres villes de Côte d’Ivoire. Les villes d’Odienné dans le nord-ouest et de Korhogo dans le nord sont déjà en ligne de mire.
Jean Marie Takouleu