Tandis que le projet hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty, mené par le groupe Eiffage, avance normalement, grâce à un investissement d’Africa Finance Corporation (AFC) à hauteur de 174 millions d’euros, deux autres projets sont à la traîne. Il s’agit des projets hydroélectriques de Tayaboui et de Gao. Ils devaient pourtant permettre de produire 150 MW chacun.
Un peu comme dans le secteur de l’eau potable, plusieurs projets hydroélectriques sont en cours en Côte d’Ivoire. Il s’agit notamment de la construction de la centrale hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty située dans le sud du pays. Son financement vient d’être clôturé par Africa Finance Corporation (AFC) qui investit 174 millions d’euros. C’est l’entreprise de BTP française Eiffage qui a remporté l’appel d’offres lancé par Ivoire Hydro Energy, la compagnie créée ad hoc pour porter le projet hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty.
Le groupe Eiffage a donc signé un contrat de conception et de construction clé en main, d’une valeur de 110 millions d’euros, avec Ivoire Hydro Energy. Dans les mois qui viennent, Eiffage Génie Civil et Eiffage Énergie Systèmes commenceront à construire un barrage sur la rivière Bandama, entre Abidjan et Yamoussoukro. La retenue d’eau permettra de faire tourner les turbines d’une centrale électrique qui produira 44 MW. On pouvait donc espérer que les autres projets hydroélectriques, lancés parallèlement, se déroulent tout aussi bien. Mais des blocages persistent à certains endroits.
Le retard dans les projets hydroélectriques de Tayaboui et de Gao
Les projets hydroélectriques de Tayaboui et de Gao ont ainsi pris beaucoup de retard. Selon le journal Koaci, ils sont même à l’arrêt, pour cause, la mauvaise gestion du président directeur général de Platinum Power, une entreprise marocaine, spécialisée dans la production d’énergies renouvelables. Le gouvernement ivoirien a mandaté cette société pour développer, financer, construire et exploiter les deux projets hydroélectriques sous le modèle Boot (Build, Own, Operate & Transfer), conformément aux termes d’un accord signé en février 2014.
Problème, Omar Belmamoun le PDG de Platinum Power est accusé d’abus de biens sociaux. Depuis le début de cette affaire, qui s’ébruite dans la presse internationale, les salaires des employés de l’entreprise ne sont pas payés. Une situation qui a occasionné la fermeture de la représentation ivoirienne de l’entreprise. Pour ne rien arranger, son administrateur a claqué la porte. Au Maroc où se trouve le siège de l’entreprise, les experts préconisent la recapitalisation de la société qui détient 42 % de participation dans les projets hydroélectriques de Gao et Tayaboui. Sauf que, cette solution devrait engendrer la réduction des participations d’autres actionnaires. C’est le cas du fonds d’investissement américain Brookstone qui a décidé de porter l’affaire devant le tribunal de commerce de Casablanca au Maroc. Une procédure qui pourrait rallonger encore les délais pour trouver une issue. Pourtant, ce projet revêt une importance capitale en Côte d’Ivoire, puisqu’il devait permettre d’ajouter 150 MW chacun au réseau national.
Le Cameroun pourrait subir un dommage collatéral de la crise ivoirienne que traverse Platinum Power. L’opérateur, en grave difficulté, pourrait être obligé d’abandonner la construction de la centrale hydroélectrique de Makay (400 MW), qui lui avait été attribuée dans le département du Nyong-Ekellé, au centre du Cameroun.
Jean Marie Takouleu