Le 3 février 2024, un atelier bilan 2023 des activités du ministère ivoirien des Eaux et forêts s’est tenu dans la ville de Divo, à 163,5 km de Yamoussoukro, la capitale de la Côte d’Ivoire. La rencontre a permis aux différents responsables du département ministériel de constater que les 12 bassins versants du pays sont tous pollués, et que ce phénomène est à 80 % causé par l’orpaillage clandestin. Les principaux cours d’eau concernés sont le Bandama (98 500 km2), le Comoé (82 408 km2), le Sassandra (75 000 km2) et Cavally (30 600 km2).
Ce bilan tire une fois encore la sonnette d’alarme contre cette pratique, alors que les conséquences s’accroissent dans le pays d’Afrique de l’Ouest. La contamination mercurielle se concentre le long des chaînes alimentaires aquatiques, atteignant des concentrations particulièrement importantes dans la chair des poissons carnivores. Il en découle une contamination des populations locales, qui consomment ces animaux vertébrés aquatiques dans leurs plats au quotidien.
Outre la sécurité alimentaire et hydrique, l’or illégal entraîne également le développement d’une déforestation massive.
L’appel à redoubler de vigilance
Il y’a encore trois jours, le 6 février 2024, le Groupement spécial de lutte contre l’orpaillage illicite (GS-LOI) créé en juin 2021arrêtait 31 orpailleurs clandestins en Côte d’Ivoire. L’opération, menée par l’un de ses détachements, a eu lieu dans la sous-préfecture de Fronan, notamment dans la forêt classée de Kobo. Ces individus ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt pour « exploitation de substances minérales sans titre minier, prospection, exploitation et commercialisation illégales des pierres et métaux précieux », ainsi que pour blanchiment de capitaux.
Pour rappel, entre 14 juillet 2021 et 27 mai 2022, plus de 800 sites d’orpaillage clandestin ont été détruits dans le pays d’Alassane Dramane Ouattara et 630 personnes interpellées, dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage illicite.
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Si des avancées ont été relevées, le ministre ivoirien des Eaux et forêts,, a toutefois instruit ses services pour une action plus urgente sur le terrain afin de dépolluer les bassins versants. « Les actions seront renforcées, en collaboration avec le ministère ivoirien de l’Environnement et son service technique, et le Centre ivoirien antipollution (ciapol), pour aider à garantir aux populations de la Côte d’Ivoire une disponibilité en quantité et qualité de l’eau, une pêche et une agriculture de qualité, la santé et l’autosuffisance alimentaire des Ivoiriens », a martelé Laurent Tchagba.
Inès Magoum