Anne Ouloto, ministre ivoirienne de la Salubrité de l’Environnement, présente à Kossihouen, en banlieue d’Abidjan, à la cérémonie de lancement des travaux des travaux du premier centre de valorisation et d’enfouissement des déchets solides ménagers en Côte d’Ivoire, s’est engagée, devant le premier ministre, qui posait la première pierre de cette installation, à ce qu’elle ouvre ses portes dans… à peine plus de trois mois.
Grosse pression donc, sur les épaules M. Pinto Rodrigues, DG de Clean Eburnie, groupement constitué de la société ivoirienne Clean Bor-Ci et de l’entreprise portugaise Meta Engil, choisi pour réaliser les travaux. « Monsieur le Directeur Général, c’est maintenant que tout commence. Chaque jour, chaque heure, chaque seconde vous est désormais comptée et le compte à rebours va commencer dans quelques instants » a lancé Anne Désiré Ouloto. « Le premier casier, devra être opérationnel début juillet 2018 pour nous permettre, enfin, de procéder à la fermeture et à la réhabilitation de la décharge d’Akouédo. » Et la ministre de conclure : « Alors, au travail ! »
Or, la tâche n’est pas mince. Le centre s’étendra sur 100 ha et comprendra un centre de stockage et de tri des déchets d’une capacité de réception de 5 millions de tonnes d’ordures par jour, en provenance du nouveau centre de transfert d’Anguédédou. Sur cette aire de stockage intermédiaire seront rassemblés les déchets collectés dans les différentes communes avant leur acheminement vers le CVET.
Une stratégie globale de gestion et de valorisation des déchets
Pour la ministre, ce centre d’enfouissement technique de Côte d’Ivoire va permettre la mise en route de la valorisation des déchets et assurera l’élimination écologiquement rationnelle des déchets ultimes.
Ainsi, les lixiviats (liquides provenant des déchets) seront traités et réutilisés pour l’arrosage des déchets eux-mêmes, afin d’accélérer leur décomposition. Pour ce faire, les casiers recevront des protections passives (argile compactée) et actives (géo-membrane et géotextile) qui permettent de protéger le sol contre les infiltrations des lixiviats, qui sont eux récupérés par des drains et acheminés vers l’unité de traitement.
Les eaux de pluies non souillées seront également réutilisées et le nouveau centre assurera aussi la récupération et le traitement du biogaz (provenant des déchets en décomposition dans les casiers), avant sa valorisation énergétique.
Parallèlement, le tri et la récupération des déchets, à même le site, permettront de réutiliser et de recycler des déchets tel que les papiers, les cartons, les plastiques, les bouteilles, les emballages ferreux… Enfin, les déchets fermentescibles seront transformés en compost et en fertilisants pour l’agriculture.
La mise en œuvre de ce centre de valorisation et d’enfouissement des déchets s’inscrit dans une stratégie plus globale, qui a pour but d’organiser et de moderniser toute la chaîne de collecte et de gestion des déchets du district autonome d’Abidjan. A la place des vieux camions délabrés, des camions neufs balaieront les rues, conditionneront et transporteront les déchets vers le centre de transfert.
C’est dans cet perspective qu’un d’appel d’offres international a été organisé en 2017, à l’issu duquel, deux opérateurs ont été retenus pour assurer la propreté d’Abidjan. La société Ecoti SA, groupement d’opérateurs tunisiens et ivoiriens, s’occupera des communes d’Abobo, d’Anyama, de Bingerville, de Cocody et du Plateau. De son côté, Eco Eburnie, filiale de l’entreprise portugaise Mota Engil, sera chargée de la propreté des communes d’Adjamé, Attécoubé, Yopougon, Songon, Koumassi, Marcory, Port-Bouët et Treichville.
Jean Baptiste Bodo