Le complexe forestier Taï-Grebo-Sapo couvrant une superficie de 5 775 km2 se compose des parcs nationaux de Taï en Côte d’Ivoire, de Grebo et de Sapo au Libéria. Seulement, le site abritant plus de 1 200 espèces végétales et des centaines d’espèces animales telles que le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest fait face aux effets du changement climatique qui contribue à la disparition progressive de la plus grande population mondiale de l’hippopotame pygmée qui y vit.
Dans ce contexte, les autorités ivoiriennes et libériennes mettent en œuvre le Projet de conservation de la biodiversité dans le complexe Taï-Grebo-Sapo qui vise l’augmentation des investissements publics et privés dans la conservation et la sauvegarde de la nature, ainsi que le respect des droits des populations autochtones et des communautés locales. « Il est question de mobiliser et sensibiliser les populations impactées par le projet afin d’atteindre la conservation de la diversité biologique, la sécurisation foncière, la connectivité entre les sites et la gouvernance forestière », explique Amon Michel N’Kpomé, le coordonnateur du projet Taï-Grebo-Sapo.
Concrètement, il s’agit de mener des négociations transfrontalières entre la Côte d’Ivoire et le Libéria, d’élaborer un accord-cadre en vue de la gestion d’un fonds de 5 millions d’euros financé par l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) en vue de l’accompagnement des initiatives dans l’apiculture, l’écotourisme, la réhabilitation des forêts indigènes dégradées et la restauration des sols dégradés. Le projet initié en 2017 porte également sur la mise en place d’un système de gestion des données, le recrutement et la formation des gardes forestiers dans ces parcs nationaux.
La préservation des écosystèmes
Le gouvernement ivoirien a créé en 2019 un corridor sous forme de réserve naturelle le long de la rivière Saro (4 km de long et 450 m de large), dans la commune de Taï, « afin de restaurer la connectivité écologique avec le parc national de Grebo-Krahn au Libéria ». Le corridor sera géré à terme par les riverains dont la plupart dépendent de l’agriculture. Au Libéria par exemple, 48,9 % de la population active exploite des plantations (caoutchouc, café, canne à sucre, huile de palme, etc.), selon le Fonds international pour le développement agricole (Ifad).
Lire aussi-AFRIQUE : le WWF et l’UICN suggèrent un fonds de 60 Md$ pour la biodiversité
Ce secteur quoique vitale est à l’origine de la perte de 90 % du couvert forestier ivoirien selon le Programme de Nations unies pour le développement (Pnud). Et d’après une étude publiée en mars 2018 par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), cette déforestation massive couplée au réchauffement climatique favorisera la disparition de plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères d’Afrique avec des conséquences néfastes pour la sécurité alimentaire, hydrique, énergétique et sanitaire d’ici à 2100.
Benoit-Ivan Wansi