La Côte d’Ivoire devra réduire l’impact de sa cacaoculture sur l’environnement. Car l’Union européenne, principal importateur du cacao ivoirien, se dotera bientôt d’une règlementation interdisant l’importation sur son sol de produits liés à la déforestation. Pour concilier leurs intérêts respectifs, les deux partenaires ont lancé l’initiative « cacao durable » pour l’amélioration de la chaine d’approvisionnement du cacao ivoirien.
L’urgence d’une introduction des pratiques agroécologiques se renforce sur la production de cacao en Côte d’Ivoire. Le premier producteur mondial de cacao avec 2 millions de tonnes en 2020, soit près de 45 % de la production mondiale, est confronté à de nouvelles exigences de la part de son principal acheteur. L’Union européenne (UE), qui importe 67 % de la production cacaoyère ivoirienne, durcira sa législation pour lutter notamment contre la destruction des forêts dans la chaîne d’approvisionnement du cacao.
L’ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire, Jobst Von Kirchmann a présenté ces nouvelles exigences le 22 janvier 2021, lors d’une rencontre avec les membres du gouvernement à Abidjan. « Il y a un règlement en préparation, qui vise à interdire des produits qui contribuent à la déforestation. Il y a une deuxième législation en préparation, contraignante pour le secteur privé, et qui visera à rendre obligatoire le devoir de vigilance, ce que l’on appelle en anglais le “Due Diligence”, en matière des droits fondamentaux. Donc là, vous avez le travail des enfants et le travail décent. La Commission européenne présentera cela en été 2021 ».
Un « cacao durable »
La Côte d’Ivoire n’a désormais que quelques mois devant elle pour répondre aux exigences environnementales de son principal client de cacao. Pour ce faire, le client en question s’est engagé à accompagner son fournisseur. Les deux partenaires ont mis sur pied l’initiative « cacao durable ». Il s’agit d’un cadre de dialogue inclusif et de partage d’expériences permettant de contribuer à une cacaoculture durable en Côte d’Ivoire. « Il y a une convergence de vues entre les actions menées par la Côte d’Ivoire et les politiques que compte mettre en place l’Union européenne. C’est ce qui fonde le dialogue politique sectoriel entre notre pays et l’UE » explique Patrick Achi, le ministre d’État-Secrétaire général de la Présidence de la République de Côte d’Ivoire.
Selon un rapport publié en 2017 par l’ONG Mighty Earth, près de 90 % des aires protégées ont été transformées en cultures de cacao en Côte d’Ivoire. Conscient de cette situation, le gouvernement s’est doté d’une nouvelle stratégie de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts sur la période 2020-2030. Cette stratégie constitue d’ailleurs l’un des axes sur lesquels l’UE entend porter son soutien.
Boris Ngounou