C’est une île d’un autre genre. Pas seulement à cause de sa nature flottante, mais en raison de ce qui lui sert de matériau de base : les déchets plastiques. Une vraie curiosité, cette île artificielle de 1000 m2 construite par le français Eric Becker. Elle repose sur près de 700 000 bouteilles en plastique ainsi que d’autres déchets qui ont été récupérés à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. L’île est située au centre de la lagune d’Abidjan, entre Bietry et Vridi, deux quartiers abidjanais. Et comme le confirme son auteur dans une interview accordée à l’AFP, « c’est vraiment une île artificielle qui flotte. Et on peut la déplacer ». Pour sa réalisation justement, Éric Becker a récupéré tout ce qui flottait : bouteilles plastiques, chutes de polystyrène, claquettes, etc. Un exercice laborieux qui a fini par lui conférer une expertise en la matière, ce qui lui a valu le nouveau nom que lui ont attribué les habitants de la localité : « Éric Bidon ». Éric affirme qu’il « achetait des bouteilles aux gens, et en récupérait d’autres dans la lagune. Avec le temps, il a appris à suivre le vent et à trouver où tous les déchets se concentrent. »
Les bâtisses qu’abrite l’île ont été construites grâce à des cages faites en matière plastique. Elles ont ensuite été recouvertes de bois ainsi que d’une légère couche de ciment. L’ensemble donne d’ailleurs une impression de construction en bois, les déchets plastiques servant simplement de terrain. Par ailleurs, un pont en forme circulaire d’une longueur de 260 mètres sert de rive aux bateaux des visiteurs qui veulent accoster. L’ensemble représente une masse totale de 200 tonnes. Pour alimenter la bâtisse en énergie électrique, l’« ingénieur » a fait installer des panneaux solaires ainsi qu’un groupe électrogène. Pour l’eau potable, des tuyaux ont été implantés pour relier l’édifice à la terre. L’île comporte un bar-restaurant, deux piscines, un petit pont et plusieurs bungalows.
Le jeune inventeur espère bien voir son idée reprise dans d’autres lagunes du monde, afin de redonner une seconde vie aux déchets et par ricochet réduire la pollution de l’environnement. S’adressant toujours à l’AFP, il n’a pas manqué de faire connaitre la satisfaction éprouvée à la fin de ce travail. « Ce qui est beau dans cette idée, c’est qu’on transforme quelque chose de négatif, la pollution avec des bouteilles plastiques, en quelque chose de positif. »
Les déchets plastiques représentent jusqu’à 12 % des détritus de la ville d’Abidjan. Une situation qui semble préoccuper les dirigeants. D’ailleurs, un projet qui permettra de construire une usine de recyclage de déchets plastiques est en cours de réalisation avec l’Unicef. Cette initiative facilitera la production massive de briques en plastique pour assurer la construction de 500 écoles d’ici à 2021.
Luchelle Feuleng