L’industrie ivoirienne du cacao sera désormais surveillée de près par les militants écologistes. Ces derniers ainsi que le reste du monde, disposent d’un outil qui permet de visualiser quasiment en temps réel, le grappillage incessant des réserves forestières de la Côte d’Ivoire, par le cacao.
La Carte responsabilité pour le cacao, mise en ligne le 15 janvier 2020, à la maison de la Presse du Plateau à Abidjan, est présentée comme une arme efficace et très précise, d’alerte à la déforestation. Elles sont actualisées tous les quinze jours. Les éléments d’occupation des sols de cette carte indiquent quelles cultures sont pratiquées, et où elles se situent. Ils couvrent actuellement un tiers de la surface dédiée, mais s’étendront à toute la ceinture de cacao aux alentours de mars 2020. Ces indications fournissent des informations utiles, non seulement à propos du cacao, mais aussi concernant d’autres productions présentant un risque forestier comme l’huile de palme ou le caoutchouc.
La collaboration inédite des géants mondiaux de l’industrie du cacao
La Carte responsabilité pour le cacao a été conçue par l’ONG environnementale Mighty Earth, qui s’est associée à l’expertise de MapHubs, une entreprise qui fournit des logiciels et des services aux organisations qui surveillent les ressources naturelles. La carte recense les 5 000 coopératives de cacao opérant en Côte d’Ivoire, en se basant sur les données fournies par le gouvernement, ainsi que par les agences de certification comme Rainforest, Utz ou Fairtrade. Et pour la première fois, certaines grandes sociétés de l’industrie du chocolat comme Nestlé, Hershey, Cémoi ou Puratos ont accepté de fournir des données sur leurs chaînes d’approvisionnement.
La période allant de janvier à mars, correspond à la campagne cacaoyère en Côte d’Ivoire. Mais cette activité qui représente 40 % des exportations est responsable à elle seule de 30 % de la déforestation dans le premier pays producteur de cacao au monde. Les autorités estiment qu’environ 40 pour cent de sa production annuelle de cacao d’environ 2 millions de tonnes provient des zones protégées. Un constat qui en 2013 et en 2016, a poussé le gouvernement a déplacé des dizaines de milliers d’agriculteurs qui avaient occupés des aires protégées au sud pays.
Dans son combat pour mettre fin à la déforestation et dissuader la production excessive de cacao, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a demandé à la Banque mondiale de l’aider à éliminer la production illégale de cacao dans les forêts protégées et à réinstaller les agriculteurs.
Selon les militants écologistes, si la déforestation se poursuit sans relâche, la Côte d’Ivoire pourrait perdre tout son couvert forestier d’ici 2034.
Boris Ngounou