« Les pays africains réalisent leurs projets verts en recourant à la dette alors que le financement de l’adaptation devrait être soutenu par des dons, conformément aux engagements convenus dans l’accord de Paris sur le climat ». Ces propos sont de Macky Sall, le président de la République du Sénégal. Il s’exprimait ainsi au tout premier Sommet africain du Climat qui s’est tenu au Kenya dans le cadre de la Semaine africaine du climat (ACW) organisée par les Nations unies et l’Union africaine (UA).
Malgré les dissensions qui ont précédé son adoption à l’unanimité, la Déclaration de Nairobi « servira de base à la position commune de l’Afrique dans le processus mondial sur le changement climatique jusqu’à la COP28 (Dubaï) et au-delà », précise le texte final. Ainsi, les Chefs d’États et de gouvernements réclament une « réforme des institutions financières internationales » pour combattre les effets du changement climatique sur le continent.
Réforme de l’architecture financière et taxation carbone
C’est donc à juste titre que ce document préconise « la création de nouveaux droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI) pour le climat ». Une mesure qui ne laisse pas les États-Unis d’Amérique indifférents puisque John Kerry, l’émissaire américain pour le climat a clairement laissé entendre aux assises de Nairobi que « 17 des 20 pays les plus touchés par le changement climatique se trouvent en Afrique, alors que les 20 nations les plus riches du monde produisent 80 % des émissions mondiales de CO2 ».
Mais c’est l’instauration d’une taxation carbone, très conversée, qui aura été l’élément clé de la Déclaration de Nairobi. En effet, si elle est validée par la communauté internationale, elle serait reversée aux pays qui sont en première ligne des catastrophes naturelles et de la pollution atmosphérique. Ce qui constituera une véritable contrainte pour les grands acteurs industriels dont l’impact environnemental transcende les continents.
Financement de l’adaptation au changement climatique et des énergies vertes
L’autre grande résolution des dirigeants politiques africains c’est de faire front commun contre la crise énergétique à travers l’intensification des investissements dans les énergies vertes. En l’occurrence, le président kenyan William Ruto s’est réjoui des 23 milliards de dollars annoncés sur place dont 4, 5 milliards de dollars promis par les Émirats arabes unis (EAU) le pays hôte de la grand-messe climatique qui s’ouvre le 30 novembre 2023 à Dubaï. Ces fonds devraient contribuer à la diversification du mix électrique à travers « le développement de 15 gigawatts d’énergie propre d’ici à 2030 ». Cette capacité est essentielle quand on sait que 600 millions d’Africains n’ont pas encore accès à l’électricité.
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Le rendez-vous a été pris à Nairobi pour une prochaine édition du Sommet africain du Climat dans deux ans. Une échéance très importante pour Akinwumi Adesina. En l’absence des fameux 100 milliards de dollars que les pays riches s’étaient pourtant engagés à fournir chaque année dans le cadre de l’Accord de Paris, le président de la Banque africaine de développement (BAD) a martelé que son institution allait débloquer « 25 milliards de dollars pour le financement de l’adaptation au changement climatique d’ici à 2025 ».
Benoit-Ivan Wansi