Alors que la journée du 16 avril 2024 était dédiée à « la sensibilisation de l’Europe sur la mise en place de politiques européennes ambitieuses et de la circularité pour garantir la prospérité économique, y compris dans les pays à faible revenu » sur le site du Forum mondial de l’économie circulaire à Bruxelles, l’Union européenne (UE), à travers son organe exécutif qui est la Commission européenne, a lancé une initiative en faveur de l’Afrique de l’Est et australe. Baptisé « SWITCH to Circular Economy in East and Southern Africa », le programme vise à accroître l’économie circulaire dans les principales chaînes de valeur dans les deux sous-régions ciblées, en vue de l’atténuation du changement climatique. L’UE y injectera un financement de 40 millions d’euros sur cinq ans.
« Personne ne peut prédire l’avenir, mais cela ne nous empêche pas de l’influencer. Il est possible de faire de la circularité la prochaine mégatendance », a déclaré Jutta Urpilainen, la commissaire européenne en charge des Partenariats internationaux, lors du lancement du programme « SWITCH to Circular Economy in East and Southern Africa ».
Les chaînes de valeur des déchets plastiques et électroniques ciblées
Le choix de l’Afrique de l’Est et australe n’est pas anodin. Car, elles font parties des sous-régions où la promotion de l’économie circulaire est déjà avancée. En Afrique de l’Est, le Rwanda a par exemple lancé en 2022 son plan national de l’économie circulaire, en marge du WCEF 2022 qu’il a accueilli. Ce programme qui nécessitera un investissement de 211 millions de dollars devrait contribuer à la résilience climatique et à la neutralité carbone d’ici à 2050 dans divers secteurs à savoir les déchets, l’eau, l’agriculture, le textile, le transport, la construction et les technologies de l’information et de la communication (TIC).
Et en Afrique australe, l’Afrique du Sud reconnaît d’ores et déjà le rôle de l’économie circulaire dans le développement d’une économie durable, à faible émission de carbone, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive à l’échelle mondiale.
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Ainsi, le financement de 40 millions d’euros annoncé par l’UE financera davantage le renforcement des capacités des acteurs qui œuvrent à la transition vers uneéconomie circulaire en Afrique de l’Est et australe et la mise en place de politiques d’économie circulaire, en ciblant particulièrement les chaînes de valeur des emballages et des déchets plastiques, ainsi que l’électronique et les déchets électroniques, considérés comme dangereux car contenant des matières toxiques. Le programme de l’UE soutiendra également l’accès au financement des acteurs du secteur des déchets, principalement les petites et moyennes entreprises (PME), les start-up et même les joint-ventures.
Dans la foulée, la commissaire européenne aux Partenariats internationaux, Jutta Urpilainen a aussi annoncé la création du centre de ressources de l’UE sur l’économie circulaire dans le cadre de sa stratégie Global Gateway. « Le centre de ressources de l’UE sur l’économie circulaire incarne l’engagement de l’UE à faire progresser la circularité à l’échelle mondiale et à faciliter la transition vers des sociétés durables et neutres sur le plan climatique. L’action quadriennale mobilisera le savoir-faire, les politiques et les normes, les technologies, les modèles d’entreprise et les pratiques européennes en matière d’économie circulaire, afin de promouvoir l’apprentissage et les échanges avec les partenaires du voisinage, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine », indique l’UE.
La structure, dont les travaux de construction sont évalués à 15 millions d’euros, sera dotée de trois laboratoires à savoir un laboratoire de connaissances sur l’économie, un laboratoire politique sur l’économie circulaire et un laboratoire des affaires sur l’économie circulaire. La mise en œuvre de ce projet, et de l’initiative « SWITCH to Circular Economy in East and Southern Africa » devrait commencer avant fin 2024 et bénéficiera du soutien du ministère finlandais des Affaires étrangères, du Fonds finlandais pour l’innovation Sitra et l’Agence de développement du gouvernement fédéral belge (Enabel).
Inès Magoum