Hassan Allam Holding se lance à nouveau dans un projet d’envergure en Égypte. Sa filiale Hassan Allam Construction est choisie par les autorités égyptiennes pour la construction d’une prise d’eau sur le Nil à Mostakbal Misr. La station sera capable de pomper 7 millions de m3 d’eau pour la restauration des terres agricoles dans la Nouvelle vallée.
Le contrat d’Hassam Allam porte aussi sur la construction de dix traversées de tunnels sous les routes El Khatatba, Manshiat El Kanater, Canal El Riiah El Behairy, le chemin de fer El-Manashy, et le canal El Riiah El Nassery. « Ce nouveau projet s’inscrit dans le cadre des plans ambitieux de l’Égypte visant à cultiver et à récupérer de vastes étendues de terres dans la région du Nouveau delta, dans le désert occidental égyptien, afin d’étendre l’empreinte agricole du pays », indique Hassan Allam Holding.
La relance d’un méga projet
Le Nouveau delta est un important projet lancé en 1997 par l’ancien raïs égyptien Hosni Moubarak visant à porter la superficie des terres arables en Égypte de 6 % à 35 %. Présenté comme historique à l’époque, le projet consiste en un système de canaux destiné à détourner les eaux du lac Nasser vers des régions désertiques du désert Libyque. Le projet était surtout conçu pour encourager les Égyptiens à quitter le delta du Nil, très peuplé, et à chercher des opportunités économiques dans le désert, au Sud.
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Dès le lancement du projet, les autorités égyptiennes misent sur le pompage de l’eau des lacs de Toshka non loin de la frontière soudaine. Mais au début des années 2000, les niveaux d’eau baissent et la superficie des lacs diminue (tout comme le lac Nasser voisin) en raison de la baisse des apports en eau pendant plusieurs années. Pour poursuivre le projet agricole, l’eau douce d’East Oweinat est pompée dans des aquifères souterrains. Une ressource non renouvelable. Cette eau fossile souterraine s’est accumulée entre 20 000 et 5 000 ans avant notre ère, lorsque le Sahara était beaucoup plus humide.
Un projet controversé
La réalisation des différentes installations de pompage de l’eau a permis d’exploiter 21 000 hectares de terres agricoles où est cultivée essentiellement de la luzerne pour le bétail. Cette plante qui résiste mieux aux sols pauvres du désert est cultivée essentiellement par deux grands exploitants. L’ensemble des terres irriguées ne couvre que 10 % de la superficie fixée par les autorités lors du lancement du projet. Certains observateurs parlent d’un échec.
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Dans le même temps, ce projet est critiqué pour son impact sur la gestion des ressources en eau, alors que 88 % de l’eau égyptienne est absorbée par l’agriculture. Pourtant, ce secteur n’a apporté que 11 % dans le produit intérieur brut (PIB) en 2020, selon la Direction générale du trésor français. Ce projet de développement de l’agriculture irriguée est relancé dans un contexte de restriction dans l’utilisation de l’eau. Aussi, avec la station de pompage de Mostakbal Misr, le débit du Nil devrait encore chuter, alors que les autorités égyptiennes craignent le pire avec la construction du grand barrage de la renaissance éthiopienne (Gerd).
Jean Marie Takouleu